Structure sociale

DISSERTATION. Comment rendre compte de la structure sociale en France aujourd'hui ? 

L'analyse du sujet :

"Comment?" : Il ne s'agit pas de débattre mais uniquement d'argumenter dans un sens. Donc pas de plan du type : oui/mais.

Il faut regarder la suite du sujet pour une idée de plan.

"Rendre compte" : A priori "rendre compte" c'est "décrire" la réalité et non l'expliquer. Le problème on le sait en sciences sociales, c'est que la description n'est jamais neutre et dépend de l'insertion sociale de celui qui décrit la réalité. Même si rendre compte implique uniquement de mobiliser des grilles de lectures bien connues, il n'empêche que ces grilles sont productrices d'une certaine représentation du monde, qu'elles cherchent à l'expliquer, à l'interpréter. Il faut faudra donc si ce n'est opposer au moins soupeser les grilles d'analyses et les critères sous-jacents. Par exemple pourquoi le crière de revenu serait-il le plus important?

Sur quoi doivent porter ces grilles d'analyses?

Sur : "la structure sociale—en France—aujourd'hui". Rien de bien compliqué ici. Le débat est très bien calibré et ne suscite de difficulté que dans la représentation de la société et de la strucutre sociale : Doit-on parler en termes de classes sociales?, sous-entendu l'analyse marxiste de la stratification est-elle encore d'actualité? S'il y a des groupes en opposition, la lutte est-elle directe ou symbolique?, référence implicite à la notion de lutte symbolique pour l'appropriation de la culture légitime selon P. Bourdieu, La structure sociale s'est-elle effacée derrière une vaste classe moyenne triomphante? La nomenclature des PCS est-elle la plus appropriée pour rendre compte de la structure sociale? Rappelons que la notion de structure sociale renvoie à une représentration de la société en strates CAD de groupes selon des critères définis, que ces groupes révèlent des différences, des inégalités, des oppositions, voire des luttes.

 

Plans possibles

I - Des groupes sociaux qui restent clivés économiquement ...

A) Des inégalités en termes de revenu et de patrimoine ...

DOC1 + Cours.

B) ... rendant plus pertinente une analyse en termes de classes sociales ...

MARX : place dans les rapports de production structurant la hiérarchie sociale.

WEBER : chances d'accès inégales aux richesses.

C) ... sans pour autant la défendre totalement.

1) Les facteurs de moyennisation restent opérants : accès à l'Ecole => massification scolaire, uniformisaiton des modes de vie selon MENDRAS, Egalisation des conditions (triomphe de la démocratie) selon TOCQUEVILLE.

2) Les classes supposent une conscience de classe : critique weberienne de la perception marxienne + non qualifiés qui forment une classe en soi mais n'ont ni conscience de leur situation ni des intérêts en commun à défendre collectivement.

II - ... mais aussi socialement.

A) De nombreux facteurs ...

1) Le clivage générationnel : en termes d'accès au marché du travail, de pratiques culturelles, de patrimoine. DOC2.

2) Les inégalités de genre.

3) Les inégalités géographiques.

4) Les inégalités selon la nationalité.

B) ... qui questionnent la représentation en termes de PCS.

1) Dépasser les PCS pour les reconfigurer en luttes de classement à la Bourdieu? => Rôle du capital culturel et social au delà du capital économique. DOC3.

2) Des critères à revoir => Baisse de l'homogénéité intracatégorielle, Hausse de l'homogénéité intercatégorielle.

 

Autre possibilité : 

I - Si l'analyse en termes de classes sociales est exagérée ...

A) Certes il y a un retour des inégalités justifiant une représentation des groupes en classes ...

B) ... mais la moyennisation n'a pas encore éclaté non plus.

II - ... la représentation en termes de PCS n'est pas pour autant optimale.

A) Certes la nomenclature des PCS révèlent des inégalités, voire des clivages ...

B) ... mais qui ne sont pas tous pris en compte.

 

DISSERTATION. Dans quelle mesure l'analyse marxiste des classes sociales est-elle encore d'actualité ?

Accroche. Le mouvement des gilets jaunes dont les revendications ont souvent pour thème les inégalités, conduisant à des interprétations en termes de 2 France qui s'opposent, le peuple et les élites (cf. C. Guilluy).

I/ Si l'idée d'une lutte de classes devant renverser le capitalisme n'est plus d'actualité ...

A) La vision extrême (iste) de K. Marx.

* La lutte des classes comme moteur de l'Histoire * le rôle révolutionnaire de la classe ouvrière et l'idéal communiste d'une société sans classe.

B) Embourgeoisement et recomposition de la classe ouvrière.

* Transformations socio-économiques : fin de la "classe ouvrière" * S'il ne doit rester qu'une seule classe, ce sera la classe bourgeoise * Des constellations plutôt que des classes d'après Mendras.

C) Le processus de moyennisation.

* Egalisation des conditions déjà perçue par Tocqueville * « Classe » fédératrice * une minorité se pense comme « bourgeois » ou comme « pauvre » * les sources d’inégalités étant tellement importante que chacun peut s’estimer posséder quelque chose (maison, voiture, pratiques culturelles particulières, …).

II/ ... la notion de classes sociales n'est pas pour autant condamnée.

A) Une vision élargie de la notion de classe sociale : Weber et Bourdieu.

* Les 3 dimensions de la stratification chez Weber : classe sociales, groupes de statut, pouvoir politique * Habitus de classe et lutte de classement chez Bourdieu.

Qu'est-ce que des "classes sociales" qui ne s'affrontent pas ou du moins qui ne sont pas porteuses d'une dynamique historique comme chez Marx? N'est-ce pas pervertir fondamentalement la notion même de classes ? Que cherche-t-on à monter au fond en évoquant la stratification sociale?

B) La société au carrefour d'une évolution incertaine.

* La remontée des inégalités, cf. 1% les plus riches et même mieux les 0,01% les plus riches * Notion de temps de rattrapage du salaire cadre par les ouvriers employée par L. Chauvel + cycle historique de la prise de conscience, nos sociétés se trouvant à un tournant * Mouvement civique pour payer des impôts aux USA, cf. Warren Buffet * Que va devenir la société en particulier avec la crise actuelle toujours pas achevée. La France, et sans doute le monde entier, est à un carrefour dont l'issue est indéterminée, cf. L. Chauvel. En fait de plus en plus d'économistes se rendent bien compte que le capitalisme et le mode de croissance sont malades et qu'une alternative devra nécessairement se produire. Mais quand et comment? * Marx l'admettait lui-même : il faut une prise de conscience pour qu'il y ait lutte. Mais contre qui lutter aujourd'hui? On pouvait être pour ou contre le communisme mais au moins cela structurait le paysage social et politique. Quel est l'ennemi à identifier aujourd'hui?

Questions de réflexions :

La lecture en termes de classes sociales est-elle universelle ? La classe en soi est-elle nécessaire et suffisante pour qu'il y ait classe sociale ? Peut-il y avoir classe pour soi sans classe pour soi ? Le creusement des inégalités économiques est-il suffisant pour parler de classes sociales ? Peut-on parler d'un retour des classes sociales ? Les ouvriers sont-ils encore au coeur de la dynamique sociale ? Le capitalisme peut-il disparaître sans lutte des classes? Y a t-il encore une dynamique de classes? La lutte des classes est-elle soluble dans la moyennisation ?

 

EC3. Vous montrerez que divers critères sont nécessaires pour différencier les groupes sociaux.

La notion de critère est centrale et difficile. En effet tout part de la conception que l'on a d'un groupe social : quel degré d'homogénéité et de relations entre les membres du groupe ? Quelle conscience interne et externe d'appartenance ?

SI l'on prend le critère de l'intensité et du nombre de liens ? S'agit-il des liens entre membres de la même catégorie ? Compréhensible au sein d'une famille particulière mais inconcevable pour un groupe plus large comme un groupe professionnelle comme les cadres, les ouvriers, etc. Ils n'ont pas tous ensemble des relations sociales. Par contre, ils peuvent bien avoir le même type de relations, de pratiques, de sociabilité, etc. Mais dans ce cas il faut réfléchir aux critères constitufs du groupe cadres, ouvriers, ... De même tout le monde peut parler des "bourges" par exemple mais la bourgeoisie existe t-elle vraiment en tant que groupe social ? Pour certains sociologues elle constituerait la dernière classe sociale. Que dire ensuite des ouvriers, des "prolos", des fonctionnaires, des jeunes, des femmes, etc. ? La question ne peut se résoudre en théorie et encore moins dans un copie de Terminale. Aussi est-ce la réflexion qui sera privilégiée : Comment la notion de critère est-elle discutée.

Prolongement issu de l'article de F. Dubet : "Régimes d'inégalités et injustices sociales" : http://journals.openedition.org/sociologies/3643

Celui-ci distingue l'étendue possible des inégalités et leurs critères de mesure :

Le champ des inégalités

Les critères utilisés

Catégories socio-professionnelles, "races", identités culturelles, appartenances religieuses, sexe, âge

Revenu, patrimoine, capitaux culturels, capitaux sociaux, pouvoir, prestige, conditions de vie, risques sociaux et individuels, mobilité sociale

Démarche possible :

Les critères socio-professionnels sont importants ... 

DOC1+ DOC2

... mais doivent être complétés.

DOC1 + DOC3

RAPPEL :

Approche nominaliste

Approche réaliste

Auteur de référence : Max Weber

Auteur de référence : K. Marx

Les classes sociales ne sont que des catégories pour analyser une société structurée où existent des inégalités. Toutefois les critères dépendent des choix du sociologue. En ce sens les classes, qui sont une forme de groupes sociaux, sont des catégories statistiques et les individus composant une classe n'ont pas forcément de sentiment d'apprtenance, même si ce n'est pas impossible. Weber ne pense pas la révolution prolétarienne annoncée par Marx totalement impossible.

Les classes sociales existent réellement, ce sont des acteurs historiques (la lutte des classes) même si la conscience de classe n'est pas automatique (classe en soi puis classe pour soi). La définition des classes repose sur des critères objectifs, au moins pour la classe en soi : la place dans les rapprots de production.

Y a t-il ou non sentiment d'appartenance des individus appartenant à la même CSP ? Y a t-il des critères plus objectifs que d'autres ? La nomenclature des PCS est-elle encore pertinente pour rendre compte de la société française, et pour montrer quoi ?

ERREURS :

  • Les différences de styles entre groupes sociaux constituent un critère. OK, mais les groupes sociaux en question ne sont-ils pas déjà constitués sur des critères, ceux-là même qu'il faut discuter ?

  • Croire que les femmes forment un groupe identifiable ou alors il faut admettre qu'une femme riche équivaut à une femme pauvre, qu'une caissière équivaut à une avocate, etc. Le tout socialement parlant.

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