On peut logiquement imaginer que le citoyen américain qui a voté pour Donald Trump souhaite voir sa politique appliquée. Le problème c'est qu'en nombre de votants effectifs cela représente environ un quart de la population, c'est peu, et cela doit immanquablement conduire à des aménagements. Le constat aurait été le même à 200 000 voix près pour Hilary Clinton. Cela fait déjà un écart par rapport aux espérances nourries durant la compagne. Mais plus gravement le candidat anti-système risque de se heurter à la logique même du système c'est-à-dire au principe de réalité de l'économie capitaliste. C'est ce que montre justement André Cartapanis dans un papier intitulé "Et si la finance sauvait les Etats-Unis de Donald Trump". L'incertitude à long terme de la politique économique de Trump (augmentation des droits de douane et risque probables de mesures de rétorsion, dépenses d'infrastructures et militaires, baisse de la fiscalité) provoquera une défiance des investisseurs qui exigeront une prime de risque plus forte et donc un accroissement des taux d'intérêt qui aboutira à remettre en cause la croissance économique. Trump devra alors reculer, et Cartapanis de conclure presque fièrement : "Face à la panique des marchés, Donald Trump devra alors abandonner la plupart des engagements qui lui ont permis d'être élu. La finance et les marchés boursiers auront alors sauvés l'Amérique de Donald Trump". Voilà un bel optimisme d'économiste qui de surcroît croît parler au nom du peuple et mieux savoir que lui ce qu'il faut faire. Il s'agit de "sauver l'Amérique" et, on le devine, le monde entier. De nombreuses émissions ont aussi véhiculé des thèmes du type "Trump est un milliardaire, c'est un capitaliste, il ne prendra donc pas des décisions contraires au monde des affaires", "il sera pragmatique", et ses premiers discours vont dans ce sens, il aurait déjà revu la baisse son intention de détruire l'Obama care qui, soit dit au passage, n'est pas d'une grande limpidité pratique. Effet d'anonce ? A suivre.
On voit bien en tout cas que la conduite des affaires courantes dans un univers particulier impose des décisions et limite le champ des possibles. Voilà qui doit faire froid dans le dos plutôt que rassurer. Même un candidat qualifié de populiste, voire de démagogue, il faudra s'entendre sur ces termes, ne peut rien faire et peut-être même parce qu'une fois au pouvoir sera impuissant ne peut-être que démagogue durant une campagne présidentielle. Le populisme est la conséquence du pouvoir de l'économie. Les partisans de D. Trump auraient peut-être secrètement souhaités un effondrement des marchés financiers. Il n'en a rien été, justifiant ainsi le schéma de Cartapanis. Un chef d'Etat pourra t-il alors prendre le risque de changer ouvertement de système ? En l'espèce il n'est pas certain que ce soit le voeu profond de l'Américain moyen. Pierre Gattaz pourrait alors prêcher aux Etats-Unis comme en France la bonne parole, "allez donc en Corée du Nord si vous ne voulez pas jouer dans la cours des grands" ! D'ailleurs Cartapanis le précise, seule la mise en place d'un "gossplan yankee" permettrait à Trumps de réaliser ses promesses ...
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