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Les règles de la dissertation
Qu'attend on des candidats selon les "instructions officielles" :
- de répondre à la question posée par le sujet ;
- de construire une argumentation à partir d'une problématique qu'il devra élaborer ;
- de mobiliser des connaissances et des informations pertinentes pour traiter le sujet, notamment celles figurant dans le dossier ;
- de rédiger, en utilisant le vocabulaire économique et social spécifique et approprié à la question, en organisant le développement sous la forme d'un plan cohérent qui ménage l'équilibre des parties.
Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l'expression et du soin apporté à la présentation.
Que disent encore les instructions officielles?
Les « objectifs de l'épreuve » figureront en introduction du sujet distribué aux candidats. Le libellé du sujet de la dissertation invite le candidat à poser et à traiter, d'une façon organisée et réfléchie, un problème exigeant un effort d'analyse économique et/ou sociologique. Pour aider le candidat à asseoir son travail sur des informations précises, un dossier est mis à sa disposition. Ce dossier ne doit ni borner son horizon (en le détournant du recours à ses propres connaissances), ni lui servir de prétexte à un commentaire systématique et détaillé. Il comporte 3 ou 4 documents de nature strictement factuelle. Il s'agit principalement de données statistiques (graphiques, tableaux) ; un document-texte peut figurer dans le dossier documentaire à condition qu'il soit lui aussi strictement factuel (chronologie, extrait d'entretien, monographie, récit de vie, compte rendu d'enquêtes, etc.). Chaque document statistique ne devra pas dépasser 120 données chiffrées et le texte éventuel comporter plus de 2 500 signes. Le sujet porte sur un contenu figurant explicitement dans les indications complémentaires du programme ; son énoncé utilise les notions des titres des thèmes et des deux premières colonnes du programme ainsi que celles des acquis de première figurant en troisième colonne de ce même programme de terminale. Le libellé du sujet ne consiste pas en une question de cours. Le candidat devant élaborer lui-même sa problématique, il convient d'éviter dans la mesure du possible les énoncés induisant un plan-type. Bien qu'il soit parfois souhaitable de préciser le cadre spatio-temporel, ce libellé doit éviter d'induire une description ou une reconstitution chronologique. Il doit également éviter une réflexion purement prospective et ne pas porter sur la seule actualité qui ne fournit pas le recul suffisant pour guider la réflexion. Le dossier doit apporter des informations uniquement factuelles. Il doit permettre au candidat d'utiliser des informations pertinentes, notamment en se montrant capable de combiner et d'exploiter les données qu'il contient (par le calcul, la représentation graphique, la mise en évidence d'une idée-force, la construction d'un schéma, etc.) pour mieux étayer son raisonnement. On peut admettre comme texte un compte rendu statistique, une chronologie, un extrait d'entretien ou de sondage, etc. On privilégiera, dans la mesure du possible, les sources statistiques en provenance des organismes de collecte et de traitement des données reconnus (Insee, Ined, OCDE, OMC, FMI, etc.). Les notions des documents ne figurant pas dans les titres des thèmes et dans les deux premières colonnes du programme (ainsi que dans les acquis de première figurant en troisième colonne) devront être explicitées par une note.
Cette nouvelle mouture de la dissertation (appliquable à la prochaine session du baccalauréat) implique une nouvelle façon de concevoir les sujets et dons les problématiques. En effet, les sujets du type : "Dans quelle mesure ..." appelant un plan "débat" du type "oui/mais" sont désormais impossibles, ce qui facilite la tâche du candidant. En effet il sera désormais bien plus facile de problématiser un sujet en se concentrant sur l'ancienne partie "oui" ou "mais" afin de montrer que la dissertation s'interressera en fait à l'autre partie ("oui" ou "mais"). Regardez l'exemple d'introduction doninée en bas de page pour mieux comprendre.
Les régles de la dissertation.
Quelques principes clefs :
1/ Savoir problématiser le sujet et élaborer une démarche de réflexion (trouver un plan).
2/ Savoir identifier l'information pertinente des documents fournis pour en faire des arguments.
3/ Compléter l'argumentation à l'aide des connaissances (cours + connaissances personnelles).
4/ Organiser sa réponse de manière cohérente (INTRO-DEVELOPPEMENT-CONCLUSION), limpide (sauter une ligne entre chaque phase clef, revenir à la ligne à chaque nouvelle idée, rédiger des transitions) et structurée (regrouper les arguments dans les bonnes parties).
I - L'introduction :
Les 4 moments de l'introduction :
1) L'accroche : amène le thème du sujet, généralement sous forme de question, de préférence un fait d'actualité ou une statistique tirée des documents (mais dangereux car peut déjà constituer un argument), 2) La contextualisation, la définition des termes, 3) La problématique, 4) L'annonce du plan : ne doit comporter que les 2 ou 3 parties principales et non les sous-parties qui feront l'objet d'une présentation lors de chaque sous-partie.
Ce qu'il faut faire :
* Ménager le suspens, comme une enquête policière * Soigner la problématique qui constitue le coeur du sujet. Elle doit le rendre intéressant, le justifier. Elle ne fait pas uniquement le lien entre le cadrage et le plan, elle justifie le plan, CAD la démarche adoptée. Elle donne les lignes directrices pour la réflexion, les enjeux théoriques sous-jacents. Elle peut (doit ?) inclure des questions mais difficilement se résumer à elles.
Ce qu'il ne faut pas faire :
* Répondre au sujet, donner des arguments * Se servir de la contextualisation pour se faire succéder des termes sans liens entre eux. Les définitions doivent servir à montrer quelque chose. C'est pour cette raison que la problématique peut très bien se faire en même temps que la définition des termes par exemple parce qu'un terme du sujet ne se définit pas facilement ou apparaît controversé.
II - Le développement :
Permet de répondre au sujet. Il convient d'utiliser le vocabulaires spécifique et les idées présentes dans les documents. On peut ignorer un document mais pas les arguments qu'il contient. Il faut impérativement soigner la clarté et la présentation. A cet égard il convient de :
* rédiger la ou les transition(s) entre chaque partie principale.
* rédiger des introductions de parties présentant en fait les sous-parties.
* rédiger des conclusions de parties.
* ne pas se contenter d'une simple exposition d'idées, de commentaires de documents. Il s'agit de démontrer quelque chose. Il faut transformer les idées, les éléments des documents et du cours en arguments. Il est possible de citer les documents mais uniquement pour illustrer un raisonnement personnel de la manière suivante : « D'après le document 1, on peut voir en effet que ... » ou « élément tiré d'un document » (Document 1).
III - La conclusion :
La conclusion se compose de 2 phases : 1) Le bilan : donne une réponse au sujet posé ou les éléments de problématique dégagés, 2) L'ouverture : élargit la réflexion en posant une nouvelle question découlant logiquement de la réflexion menée dans le développement.
Un exemple de démarche à partir du sujet :
Montrez que le marché concurrentiel n'est pas toujours la solution aux problèmes de coordination des acteurs économiques.
On voit clairement ici qu'il ne s'agit pas de s'interroger sur les capacités auto-régulatrices du marché, ce qui aurait donné un énoncé du type : Dans quelle mesure le marché assure-t-il son rôle de régulation?, avec un plan du type : "Si le marché peut jouer un rôle de régulation des activités économiques et sociales, ce n'est pas toujours le cas". C'est pour cette raison qu'il est possible de problématiser le sujet précisément à partir des vertus auto-régulatrices du marché pour les questionner et amener logiquement la démarche.
ACCROCHE. Après la chute du mur de Berlin, l'essayiste Fukuyama a pu affirmer que le destin de l'Humanité convergerait vers le capitalisme libéral. Mais est-ce vraiment sûr? Le marché et la concurrence constituent-il vraiment l'horizon indépassable des rapports économiques ?
CADRAGE. Que la concurrence puisse constituer un principe central d'organisation des activités économiques est une idée qui naît avec l'économie politique au 18ème siècle. L'idée smithienne d'une « main invisible » guidant l'intérêt personnel des acteurs au profit de l'intérêt général est restée célèbre. Grâce aux marchés créateurs de prix, les individus disposent des signaux leur permettant d'orienter leurs désirs, de maximiser leurs fonctions (d'utilité ou de profit) sous contrainte. Ils peuvent ainsi coordonner toutes leurs activités, aussi variées et complexes soient-elles.
PROBLEMATIQUE. Toutefois les relations marchandes ont-elles vocation à s'étendre à toutes les relations humaines ? La « propension au troc et à l'échange » imaginée par A. Smith est-elle aussi naturelle qu'il le prétend ? Le marché ne suppose-t-il pas des conditions d'application qui le rendre inopérant si elles ne sont pas respectées ? L'hypothèse selon laquelle les individus sont des maximisateurs rationnels d'utilité conduira-t-elle toujours à valoriser la coordination marchande ?
ANNONCE DU PLAN. Aussi après avoir vu que le marché peut connaître des défaillances informationnelles (I), nous montrerons qu'il bute sur la question des externalités (II) et qu'il n'est pas systématique (III).
(Remarque : Il s'agit d'un plan en 3 parties, ce qui est en général peu probable, les sujets amenant plutôt un plan en 2 parties, mais il semblait difficile de faire autrement ici.).
Annonce des sous-parties de la première partie. Dans la mesure où l'information n'est pas toujours parfaite (asymétrie d'information), le marché peut ne pas ou mal fonctionner (A) et conduire à des stratégies spécifiques (B).
Liste des arguments :
A1) Le marché des « lemons ».
A2) Le salaire d'efficience.
A3) Mimétisme et bulles spéculatives.
B1) Les primes d'assurance pour responsabiliser les clients (cf. genèse de l'Etat-Providence).
B2) Diplôme (théorie du signal) et piston.
Le diplôme donne un signal à l'employeur potentiel sur les capacités de l'individu. Avoir tel ou tel diplôme de tel ou tel université ou Ecole donne une information incomparable. De même le piston, CAD le capital social, repose en fait sur les collabateur qui connaissent d'autres personnes sur lesquelles ils ont des informations privilégiées. Il vaut mieux engager quelqu'un qui est recommandé plutôt qu'un parfait inconnu.
B3) La propriété des actifs d'une firme plutôt que le contrat.
Les contrats qui lient les entreprises ne peuvent jamais tout prévoir. C'est pour cette raison que des entreprises cherchent à en contrôler d'autres. En devant propriétaires des actifs (machines, brevets, etc.) elles pourront décider de la stratégie à suivre en cas d'imprévu. On dit qu'elles disposent du droit de contrôle résiduel et ce droit est donné par la propriété (l'ownership en anglais).
(Annonce des sous-parties de la deuxième partie).
Après avoir vu que les biens et services ne sont pas tous excludables et/ou rivaux nous montrerons qu'il sont à la base d'externalités non prises en compte par le marché en soulignant par conséquents les limites (les défaillances).
(Une petite explication et donc retour à la ligne).
Les biens économiques qui peuvent facilement avoir une valeur marchande et être produits par des entreprises sont en général excludables et rivaux. Cela signifie que quelqu'un qui ne paye pas ne peut consommer (à moins de voler, ce qui est illégal!) et celui qui consomme empêche l'autre de consommer le même bien. Si je mange une pomme mon voisin ne peut pas la manger en même temps ! Il faut qu'il ait la sienne. Remarquons que la notion d'excludabilité nous vient du terme anglais « excludable » difficile à traduire en français mais qui se rapproche de « jouissance exclusive » d'un bien. En tout cas Il y a des biens qui sont excludables mais non rivaux, d'autres rivaux mais non excludables et enfin des biens qui sont les deux à la fois et que l'on appelle souvent des biens collectifs (purs).
(Illustration et donc retour à la ligne).
Parmi les biens excludables mais non rivaux on doit citer l'exemple resté célèbre depuis la publication d'un article de Hardin, « The tragedy of commons », (la « tragédie des biens communs »), des biens communs. L'exemple typique est constitué par les ressources hallieutiques. En effet le stock de poissons dans la mer n'est appropriable par personne. Par contre tout poisson capturé est soustrait à la concurrence. De ce fait chaque pêcheur est incité à pêcher le plus possible pour éviter d'être le « dindon de la farce », ce qui, à terme menace fortement le stock de poisson et finalement l'activité elle-même. C'est pour cette raison qu'on ne peut laisser-faire ici et que les pouvoirs publics doivent intervenir .
(Autre illustration).
En ce qui concerne les biens excludables mais non rivaux on peut citer l'exemple des chaînes payantes. Pour accéder aux programmes payants il est nécessaires de s'acquitter d'un abonnement. Ceux qui ne payent pas sont donc exclus. Par contre qu'il y ait un abonné de plus ne modifie en rien la qualité des programmes des autres clients. Ils ne sont pas en rivalité les uns avec les autres.
(Autre illustration)
Enfin il existe des biens qui sont à la fois non excludables et non rivaux. L'exemple typique c'est celui de la défense nationale. Quelqu'un qui souhaite se protéger ne peut exclure les autres. Il faut bien à un moment empêcher les forces adverses de passer le territoire, ce qui profite à tout le monde. Pensons à la dissuasion nucléaire. Dans le même qu'il y ait un individu ou 10 millions qui soit protégé ne change rien à la qualité de la défense. A certains égard les feux d'artifice rentrent dans cette catégorie. De tels biens correspondent globalement à ce qu'on appelle des biens collectifs et posent un sérieux problème de financement. En effet s'il n'est pas possible d'exclure ceux qui ne payent pas alors que le service peut profiter à tout le monde, tout le monde à intérêt à se comporter en passager clandestin, dans le même registre que le paradoxe de l'action collective. C'est pour cette raison que la théorie économique justifie en ce domaine l'intervention de l'Etat montrant bien les lacunes du marché. Il existe en fin un dernier cas de défaillance du marché associés aux externalités. C'est ce que nous allons voir maintenant.
(Début du II-B).
(Petite explication).
Il existe de nombreux biens qui sont à la source d'externalités, c'est-à-dire qui entraînent des conséquences positives et/ou négatives sur une partie de la population sans que celle-ci ait pu négocier quoi que ce soit. Le marché est donc inopérant dans ce cas.
(Illustration).
Les externalités peuvent être positives ou négatives. Les relations entre l'apiculteur et l'arboriculteur constituent un exemple d'externalité positive. Les abeilles du premier butinent les fleurs et les arbres du second dans une mutuelle réciprocité, chacun ayant besoin de l'autre. La recherche fondamentale est aussi un exemple de biens générant des externalités positives. Comme l'affirmait Bernard de Chartres au 12ème s., « nous sommes des nains juchés sur des épaules de géant », ce qui signifie que les découvertes, la recherche profitent à tout le monde et que ce gain est difficilement individualisable. Pourquoi se lancer dans la production d'une richesse qui profite potentiellement à tout le monde ? On voit bien qu'il s'agit ici de ce qu'on appelle un bien public puisqu'une formule par exemple est diffusable à l'infini (pas de coûts d'exclusion) et que le fait se s'en servir n'empêche pas quelqu'un d'autre de s'en servir aussi (non rivalité). Pensons à la formule : « E = MC2.. Personne en tout cas n'a intérêt à titre privé de financer un biens qui peut profiter à tout le monde, ce qui justifie l'intervention des pouvoir publics. Le même raisonnement s'applique à l'inverse pour les externalités négatives. Prenons l'exemple de la pollution. Celle-ci découle bien de l'activité des certains individus qui a des conséquences néfastes sur ces individus eux-mêmes parfois. Lorsque la planète est touche ou que l'air atmosphérique est irrespirables ce sont tous les habitants qui sont touchés. C'est pour cette raison que l'environnement est un bien public mondial. Personne n'a intérêt à le préserver seul si les autres n'adoptent pas les bons comportements. Il faut dans ce cas une gouvernance mondiale comme l'illustre le protocole de Kyoto.
(Conclusion de partie et transition).
Nous venons de voir que le marché connaissaient de nombreuses défaillances, au minimum par absence de propriété privée, illustrant le lien entre le marché et le régime de propriété. Nous allons pouvoir compléter notre analyse en montrant dans cette dernière partie les limites sociales du marché.
(Annonce des sous-parties).
Après avoir vu que le marché ne pouvait se généraliser à l'ensemble des sphères humaines nous verrons qu'il ne garantit pas toujours l'optimum économique et social.
III – A) Le don, l'amitié, etc.
III – B) Les servies publics, la Sécurité sociale et la redistribution.
III – C) L'équilibre de sous-emploi et la nécessaire intervention de l'Etat.
(Conclusion générale = bilan + ouverture).
Contrairement à ce qu'aurait montré un raisonnement trop optimiste, le marché connaît de nombreuses défaillances et implique, en parallèle, une dose d'intervention des pouvoirs publics. Déjà l'information est souvent défaillante empêchant au marché purement concurrentiel d'exercer son œuvre. Ensuite l'économie est traversée de nombreuses externalités et rencontre des cas de biens collectifs où le marché est largement inopérant. Enfin il apparaît que le marché n'assure pas toujours l'optimum social et qu'il implique certaines corrections.
Toutefois la concurrence, aussi imparfaite soit-elle, peut dans de larges domaines s'exercer et tout le problème consistera à trouver une articulation raisonnable et rationnelle entre la sphère marchande et la sphère marchande. La crise d'origine financière que nous traversons actuellement aura-t-elle néanmoins raison de l'économie de marché et plus largement du capitalisme ? Le domaine de l'Etat et du politique n'ont-ils pas vocation à s'étendre encore davantage ?