Il s'agit d'expliquer l'origine de la croissance économique (CAD de l'augmentation de la richesse produite de manière à peu près continue depuis 2 siècles) ainsi que les défis qu'elle pose.
1° Comment la mesurer ? Par le % de variation du PIB réel par habitant (cf. DM1).
2° Comment la croissance se fait-elle ? Il existe 2 grands types de croissance qui permettent d'augmenter la production : la croissance extensive (par transpiration) et la croissance intensive (par inspiration) (cf. I).
3° Qu'est-ce que la croissance extensive ? C'est la croissance qui est permise par l'accumulation des 2 facteurs de production que sont le travail et le capital. Accumuler c'est disposer de davantage d'actifs (les femmes qui participent davantage à la production, l'âge de la retraite qui est reculée) de davantage d'heures travaillées (recours aux heures supplémentaires, augmentation de la durée légale du travail) pour le facteur travail (cf. I-A-1). Accumuler c'est disposer de davantage de machines, d'outillage, d'ordinateurs, …, en ce qui concerne le facteur capital. Le stock decapital augmente grâce à l'investissement, (mesurée par la FBCF) hors investissement de remplacement (cf. I-A-2)
4° Pourquoi la croissance extensive est-elle limitée ? Car l'accumulation des facteurs est soumis à la loi des rendements factoriels décroissants (productivité marginale décroissante des facteurs, et notamment du travail) (cf. I-A-3).
5° Qu'est-ce que la croissance intensive ? C'est la croissance qui repose sur les gains de productivité des facteurs de production. Elle résulte notamment du progrès technique que l'on peut mesurer (en théorie) par la productivité globale des facteurs, mis en évidence par R. Solow avec un résidu s'ajoutant à la contribution des facteurs capital et travail. Cela nécessite de bien savoir lire statistiquement les contributions à la croissance du PIB. (cf. I-B-1). Grâce au progrès technique la production est de plus en plus efficace CAD qu'un salarié est capable de produire plus de richesse avec autant d'heures de travail (cf. I-B-2).
6° D'où vient le progrès technique permettant une croissance intensive ? Le PT est la résultante d'innovations. C'est J. Schumpeter qui a le premier mis en évidence le rôle des innovations dans la croissance économique (rôle dans la dynamique capitaliste). S'il en identifie 5, on en retient généralement 3 essentielles : les innovations de produit (le smartphone, les pompes à chaleur), les innovation de procédé (la production assistée par ordinateur) et les innovations organisationnelles (le travail à la chaîne il y a plus d'un siècle, la production en flux tendus, la vente en ligne, plus récemment).
7° D'où viennent les innovations ? Est-il possible de les encourager ? Contrairement à ce que pensait initialement R. Solow, le PT n'est pas exogène, il est endogène, CAD qu'il est possible de le favoriser. Les dépenses en recherche-développement jouent un rôle essentiel ici. En cherchant et en découvrant de nouvelles choses (formules, molécules, procédés, …), on favorise la mise sur le marché des inventions qui deviennent alors des innovations. (cf. II-A-1).
8° Comment le PT favorise-t-il la croissance et caractérise-t-il une croissance endogène ? En fait le développement des idées nouvelles est central car elles constituent un bien public cumulatif. Cela signifie qu'elles peuvent être utilisées par tout le monde une fois divulguées et qu'elles peuvent se combiner à l'infini les unes aux autres. Voilà pourquoi il est essentiel que des chefs d'entreprise et des chercheurs mettent au point des découvertes, des inventions puis des innovations. Les investissements dans le capital humain auront les mêmes effets. Plus la population est éduquée et plus elle peut s'approprier et faire fructifier les idées (anciennes et nouvelles), les nouvelles technologies (learning by doing). Il y a bien là une dynamique de croissance qui s'enclenche qui permet à son tour de nouveaux investissements dans la R-D et le capital humain dans un processus auto-entretenue (cf. II-A-1).
9° Pourquoi chercher à innover ? Pour J. Schumpeter l'innovation est le fait de chefs d'entreprise dont l'objectif est de réaliser des profits (collossaux). En commercialisant un nouveau produit ils détiendront un monopole sur leur marché et auront un maximum de clients, donc de ventes et de profit. Par ailleurs en innovant dans la manière de produire, grâce à un nouveau procédé ou une nouvelle organisation du travail, ils pourront réaliser des gains de productivité et vendre moins cher, ce qui leur permettra aussi des profits importants (cf. II-A-2). Le risque alors, c'est d'être copié par la concurrence, ce qui ne manque pas d'arriver, hormis la protection juridique permise par les brevets, ce qui renvoie au rôle des institutions.
10° Quel est le rôle des institutions ? En tant que règles formelles et informelles, les institutions ont un rôle central sur le développement des investissements et du PT (bref un rôle sur la croissance économique). Ainsi les brevets, en protégeant juridiquement les inventeurs sur une durée de 20 ans, leur garantit l'exercice de leurs droits de propriété. Ils sont donc incités à chercher et découvrir de nouvelles choses, qu'ils soient entrepreneurs, chercheurs ou simple citoyen. Cela met de nouveau en avant le rôle des idées et des connaissances sur la croissance (endogène) puisqu'un brevet est une codification du savoir (l'invention est décrite, expliquée dans le brevet). Sur le même registre, la diffusion du savoir permis par l'Encyclopédie au 18ème a été essentiel pour la révolution industrielle. Par ailleurs le cadre institutionnel renvoie aussi aux institutions informelles à travers le rôle des mentalités (les façons de penser) portées ou non au travail, à l'innovation, à l'esprit d'entreprise mais aussi à travers le rôle de la religion puisque M. Weber (1864-1920) établit un lien entre le comportement protestant et le comportement capitaliste favorisant l'enrichissement et poussant à la croissance économique (cf. II-B).
11° Le progrès technique est-il neutre sur la société ? Evidemment, non ! Le PT est à l'origine de ce que J. Schumpeter appelle la destruction créatrice. Les nouveaux produits, procédés, nouvelles orgnisation remplacent les anciennes et les rendent obsolètes, ce qui bouleverse l'économie (nouvelles entreprises qui mettent les anciennes en faillite, nouveaux métiers qui remplacent les anciens). Cela signifie donc que les innovations font des gagnants et des perdants mais que jusque maintenant la société dans son ensemble en a profité (cf. II-C-1). Par ailleurs le PT a aussi des conséquences sur la répartition des richesses puisqu'il engendre des inégalités de revenu. Il donne une « prime » au travailleurs qualifiés au détriments des non qualifiés. Les premiers sont davantage capable d'utiliser les nouvelles technologies et les nouvelles façons de faire. C'est le biais technologique. Les écarts de salaires augmenteront donc entre les 2 catégories de salariés. Le PT entraîne aussi un phénomène de polarisation des emplois qui désavantage les emplois à qualification intermédiaire. Si les salariés concernés n'arrivent pas à se convertir, ils devront occuper des emplois moins rémunérateurs, ce qui au final, creusera les inégalités de revenu avec les plus qualifiés (cf. II-C-2).
12° Quelles sont les limites environnementales de la croissance soutenable ?
Comme la production nécessite des intrants, CAD des matières premières, des sources d'énergie, des pièces détachées, on peut déjà regarder de ce côté-là CAD en amont de la production. Or les ressources utilisées qu'elle soient renouvelables (poissons, forêts) ou non renouvelables (pétrole, gaz) ont tendance à s'épuiser. C'est le phénomène d'épuisement des ressources. Cela entraîne une hausse du prix des ressources utilisées. Mais il faut regarder aussi en aval de la production CAD les externalités négatives issues du processus de production. On pense alors à la pollution (de l'air, de l'eau, des sols) et au réchauffement climatique lié au rejet de CO2 dans l'atmosphère. Cela occasionne des problème de santé, la disparition d'espèces et des catastrophes climatiques qui sont économiquement couteux et qu'il faut financer. Cela renvoie à la conception forte du développement durable, selon laquelle les types de capitaux sont complémentaires, on ne peut pas les remplacer les uns par les autres. Les limites écologiques constituent donc un frein à la croissance même soutenable car celle-ci « coûte » de plus en plus cher. Le PT peut même accentuer ce phénomène puisque les innovations pousse à l'effet-rebond et donc à la consommation (cf. III-A).
13° Comment l'innovation peut aider à reculer les limites environnementales de la croissance soutenable ? Il est possible de rester optimiste en défendant une conception faible du développement durable. Selon cette conception, les types de capitaux sont substituables. Ainsi perdre du capital naturel à cause de la croissance n'est pas dramatique si cette croissance génère le capital technologique ou humain favorisant le PT et la transition énergétique. C'est ce que suggère la courbe de Kuznets de l'environnement depuis la première révolution industrielle. Le PT peut alors jouer en amont ou en aval de la production, avec respectivement les technologies intégrées (énergie electrique décarbonnée) et les technologiques ajoutées (filtres limitant les rejets) (III-B).
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