Les raisons qui peuvent justifier un abandon de l'Union européenne actuelle sont multiples. Précisons d'emblée : quitter cette union n'est pas une décision glorieuse. Elle est commandée par la nécessité et sans doute même par l'instinct de survie. Elle ne peut être enthousiasmante que dans ces conditions. Peut-être aussi le débat est-il tronqué par une fausse illusion, celle selon laquelle il existerait une Europe, si ce n'est réelle, au moins potentielle. De là la dichotomie usuelle entre l'Europe de Maastricht, celle qui serait actuellement à l'oeuvre, et l'Europe rénovée, sociale, renégociée. Il est évident que les traités européens ne seront jamais renégociés. Peut-être existe t-il malheureusement une troisième hypothèse, celle selon laquelle l'Europe n'existe pas et ne peut exister. Pourtant il y a toujours eu une tentation identitaire, c'est-à-dire ignomineuse pour la pensée dominante, de positiver sur la civilisation européenne. C'est ce qui lui donne toute sa force. Pensez-vous, un euro-optimisme d'extrême-droite ! Prenons pour simple exemple l'ouvrage de Dominique Venner, Histoire des traditions des européens, sous-titré 30 000 ans d'identité, celui-là même qui s'est suicidé en 2013 devant le maître-hotel de Notre-Dame de Paris. Il emploie même le terme d'européanité : "Tout grand mouvement né dans un pays d'Europe a trouvé aussitôt son équivalent chez les peuples frères et nulle part ailleurs. A celà on mesure une communauté de culture et de tradition que ne peuvent démentir les conflits inter-étatiques". La culture plus forte que les guerres ? Certains n'hésitent pas aussi à parler de guerre civile européenne, marquant par là même l'évidence d'une unité, d'une culture, d'une civilisation européenne. Mais celà est-il suffisant pour nier les intérêts diplomatiques et politiques propres à chaque Etat ? La France doit-elle, au nom de la civilisation européenne, se soumettre aux exigences de l'économie allemande ? Les pays acceptent toujours la discipline européenne qu'il seraient eux-mêmes imposée, jamais au-delà. L'euro fut le prix de l'acceptation de la réunification allemande par les Français et l'euro allemand l'acceptation de l'euro par les Allemands ! Au surplus, les Français avaient souhaité une halte dans la construction européenne avec le vote négatif de 2005. Les partis de gouvernment se sont entendus pour balayer ce vote, ce faisant ainsi de vrais européens : accepter la démocratie tant qu'elle conforte les choix fédéraux, à la légitimité douteuse, venus d'en haut. Nous pourrions bien paraphraser Lincoln en pleine guerre de Sécession, et en l'adaptant à la situation française : " J‘ai deux grands ennemis : le fédéralisme européen positionnée face à moi et la haute finance dans mon dos". En fait les deux ne font plus qu'un, et depuis longtemps, ce qu'avait anticipé Lincoln pour son propre pays. Mais les lois du capitalisme, nous les connaissons, et soyons honnêtes, elles ne s'arrêtent pas aux frontières de l'union européenne.
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