Un haut niveau d'étude permet-t-il l'intégration sociale ?

 

Sujet consultable sur : http://www.ses.ac-versailles.fr/sujets/fichiers/DPoly2007sept.pdf

 

 

Analyse du sujet :

-        Préciser ce qu'est un niveau d'étude élevé. On peut partir d'un niveau > BAC +2, CAD au min. BAC +3.

-        Impérativement faire le lien entre niveau d'étude et intégration sociale. Evoquer le rôle de l'Ecole uniquement est insuffisant car trop large. Ainsi le rôle socialisateur de l'Ecole démarre bien avant la poursuite d'études. Il faut affiner la rélfexion et creuser le lien entre les 2 parties. Ainsi il manque un chaînon :

Haut niveau d'étude => Bonne insertion professionnelle => Bonne intégration sociale à travers le prestige du métier, la participation à la          société de consommation, l'achat de biens distinctifs nourrissant l'envie des autres (Ainsi on est perçu comme quelqu'un ayant réussi sa vie et d'intégré), la possibilit de compter sur les droits associés au travail fixe (CDI) et bien rémunéré (salaires d'activité, revenus des capitaux, pension retraite).

-        Montrer que le travail n'est qu'une forme d'intégration et qu'il en existe d'autes.

 


Comme le prétend l’adage populaire : “mieux vaut avoir des bagages que non”, sous-entendu il est plus facile de décrocher un travail en étant diplômé qu’en ne l’étant pas. Il est préférable d’avoir fait des études, en particulier longues, disons BAC + 3 minimum. Le diplôme renvoie largement dans nos société au système éducatif puisque c’est lui qui les délivre.

Toutefois si le rôle socialisateur de l'Ecole est bien connu, la poursuite d'études longues permet-elle une meilleure intégration à la société? Un diplôme d'ingénieur par exemple est-il nécessaire dans cette logique ?  Suffit-il d’avoir un emploi, de surcroît bien rémunéré pour jouir d’un grand espace de sociabilité, de participer à la vie collective, d'en épouser les normes, les valeurs et les objectifs? Comment en somme trouve-t-on "sa" place dans la société? 

Aussi après avoir montré qu'un haut niveau d'étude peut favoriser l'intégration sociale, nous verrons que ce n'est pas toujours le cas.

 

 

Autre accroche possible : Comme pouvait l'affirmer il y a quelques temps avant de se rétracter le publiciste J. Ségala : "Celui qui n'a pas de Rolex à 50 ans n'a pas réussi sa vie". Mais réussir sa vie se résume-t-il au montant des euros accumulés sur son compte en banque? Réussir sa vie n'est-ce pas être avant tout intégré à la société dans la quelle on vit?   

 

 

I – Si un haut niveau d'étude peut favoriser l'intégration sociale ...

 

Annonce des sous-parties : Si un haut niveau d’études permet une meilleure intégration par le travail (A), il permet aussi d’élargir l’espace de sociabilité et l’intégration citoyenne (B).  

 

A) L'intégration par le travail : Le diplôme comme voie royale pour l'emploi typique bien rémunéré.

DOC1 :

Idée : Plus le niveau d'étude est élevé est plus la situation professionnelle est enviable, en terme de statut de l'emploi ou en termes de PCS au bout de 3 ans de vie active pour les jeunes sortis du système scolaire en 2001. 

Exemples : Il y a pratiquement 5 fois plus de jeunes sans aucune qualification travaillant à temps partiel que de jeunes sortis du 3ème cycle. SI les ¾ des jeunes de 3ème cycle sont cadres, seuls 1% des jaunes sans qualification ou titulaires d'un CAP/BEP le sont.. On voit à ce niveau qu'il existe un lien entre type de PCS et longueur des études puisque si 7% seulemen,t des BAC+2 sont cadres, 59% exercent une profession intermédiaire, CAD renvoyant à un encadrement ou à un niveau d'expertise moyen.

 

Compléments : * Société où le diplôme détermine à la fois l'entrée sur le marché du travail et la trajectoire sociale *  Travail comme support de droits sociaux (société salariale intégratrice, cf. R. Castel) * Travail comme source de revenu et donc de participation à la société de consommation.  

 

B) Sociabilité et intégration citoyenne. 


1) Un espace de sociabilité élargie

DOC2 :

Idée : Plus le niveau d'étude est élevée et plus le taux de bénévolat est important, traduisant un engagement plus grand et une capacité d'intégration (à la fois personnelle mais aussi pour aider les autres).

Exemples : Si 14% des Français âgés de 15 ans et plus sans diplôme font ont été bénévole en 2002, 36% des diplômés (supérieur au BAC) l'ont été.

 

2) L'intégration citoyenne.

DOC3.

Idée : Il est plus facile d'être un citoyen actif lorsqu'on est déjà intégré à la société, notamment parce qu'on a fait des études le permettant.

 

Transition. Toutefois, le résultat du référendum sur le projet de constitution européenne, avec un refus même parmi les classes instruites, n'a t-il pas révélé un changement de tendance?

 

II – ... ce n'est pas toujours le cas.

 

A) Diplôme et emploi.

 

1) Salaire et statut ne sont pas reconnaissance sociale.

DOC4. Ainsi un cadre bien payé, bien intégré professionnellement et socialement de par son statut peut se sentir démotivé, voir inutile, si ses supérieurs ne le "remobilisent" pas. A l'inverse une infirmière est socialement reconnue et dispose de ce fait d'un certain prestige.

 

Compléments : * Les suicides à France Telecom concernent des cadres. Ceci est à relier aux NFOT qui demandent toujours plus aux salariés et aux cadres en particulier * Expérience d'E. Mayo, sociologue américain à l'origien de l'Ecole des relations humaines, montrant que les ouvrières de la General Electrics augmentaient leur productivité du seul fait que l'on s'intéressait à elle (Par exemple lorsque les chercheurs vont les observer dans les ateliers).  

 

2) Les discriminations dont sont victimes les femmes.

Malgré le fait qu'elle sont désormais plus diplômées que les hommes, elles restent discriminées en matière de PCS (plafond de verre par exemple qui limite leur ascension sociale) ou de travail à temps partiel (qui concerne à 80% les femmes). D'ailleurs parmi les familles précaires, il y a des familles monoparentales [femme avec enfant(s)].

 

B) Le déclassement lié à l'inflation scolaire.

DOC5.

Logique de massification contre logique de démocratisation, dévalorisation des diplômes devenus des "assignats universitaires"!.

 

Compléments : paradoxe d'Anderson, il faut aussi choisir les bonnes études (5 ans de psychologie ou d'Histoire-géographie ... ne mènent qu'au professorat!)

 

Remarque : Evoquer Durkheim à ce niveau était possible mais dangereux. Durkheim évoque effectivement dans la Division du travail social, le risque de décalage entre les aspirations des individus et la place qu’ils occupent effectivement. « Sans doute ne sommes-nous pas, dès notre naissance, prédestinés à tel emploi social ; nous avons cependant des goûts et des aptitudes qui limitent notre choix. S’il n’en est pas tenu compte, s’ils sont sans cesse froissés par nos occupations quotidiennes, nous souffrons et nous cherchons un moyen de mettre un terme à nos souffrances. Or, il n’en est pas d’autre que de changer l’ordre établi et d’en refaire un nouveau». Le risque c’est donc le désordre social, l’émergence de conflits sociaux. Illustration : Mai 68 où des jeunes plus qualifiés se révoltent contre l’OST et les tâches basiques. Toutefois, cette problématique relève moins, dans la terminologie de Durkheim, d’un problème d’intégration qu’un problème de régulation des comportements. Il faut en effet distinguer intégration (partage des mêmes valeurs, buts, …) et régulation (comment les comportements individuels sont-ils disciplinés ?).

 

C) Il existe des formes d'intégration indépendante du diplôme.

DOC6. Le sport permet aussi d'intégrer les individus qui ne sont pas spécialement diplôméset notamment les populations étrangères. D'ailleurs les grandes vedettes sportives ne sont pas réputée pour leur niveau d'étude.

 

Compléments : Le rôle de la famille, des amis, cf. Débat MEDA/SCHNAPPER, la première considérant que la famille demeure une valeur sûre. D'ailleurs pour Castel, les individus qui perdent leur emploi certes intègrent une zone de vulnérabilité mais restent intégrés tant qu'il peuvent compter sur leurs relations socio-affectives.