L'exclusion sociale

Comment peut-on expliquer l'exclusion sociale aujourd'hui?

 

Une correction est déjà disponible à : http://pedagogie.ac-montpellier.fr/disciplines/ses/Reserveauxprofs/Bac-juin-2007/correction-dissert-2007.pdf avec 3 plans types, ce qui permet de voir qu'il n'existe pas UN plan, UNE correction, mais qui ne propose pas d'analyse des documents et de problématisation du sujet. 

 

La difficulté tient dans la nécessité d'adopter un plan du type "OUI/MAIS" tout en montrant que les transformations de l'emploi interviennent dans les 2 parties. De manière prioritaire et centrale dans la première et en parallèle à d'autres instances de socialisation en "crise" dans la seconde partie, ce que montre très bien le DOC. 2. D'où la difficulté, sans doute, à élaborer un plan cohérent notamment au niveau des sous-parties. 

 

Le danger, c'est de ramener les tranformations de l'emploi uniquement à la quesiton du chômage, ce qui limite la réflexion ou du moins l'anonce mal.

 

DOC

Arguments

1

* La précarisation du travail ouvre la voie à une intégration incomplète, ce qui rappelle la notion d'intégration disqualifiante de S. Paugam * Ensuite l'extrait le précise : des ruptures extra-professionnelles peuvent avoir des conséquences dramatiques, ce qui renvoie à la  notion de vulnérabilité puis de désaffiliation de R. Castel * En même temps idée que l'exclusion est un processus résultant de l'addition de facteurs négatifs : travail précaire + maladie + isolement social (célibat ou divorce par exemple), ... Reste à voir ensuite dans quelle mesure l'instabilité de l'emploi facile ou non l'instabilité socio-affective : ex. Impossibilité de se projeter dans l'avenir et donc de "construire" quelquechose. 

2

Renforce le document précédent pour montrer qu'il y additivité des causes d'exclusion mais avec un rôle clef donné à la perte d'emploi qui favorise le chômage de longue durée et la perte de revenus qui alimentent ensuite le phénomène d'exclusion.

3

Insiste sur le rôle du travail comme forme d'intégration et de support de l'espace individuel de sociabilité (fréquentations). Le chômeur, socialement stigmatisé, ou le ressentant comme tel, va de lui-même se couper du monde, ce qui ne risque pas de favoriser l'entrée dans la pauvreté.

4

Situation des pauvres en statistiques. Ainsi pratiquement 1 Rmiste sur 2 l'étaient en 2002 depuis plus de 3 ans.

5

Comme la famille joue de moins en moins son rôle de soutien (individualisme, éclatement des familles,...), la précarisation du travail et la chômage débouche de plus en plus sur des phénomènes d'exclusion. Comme le dirait Castel la zone de vulnérabilité se transforme en zone de désafilliation.

6

Encore des Stats où l'on apprend qu'en 2004, 40% des personnes seules sans enfant souvent au chômage sont pauvres, même après transferts sociaux. Par contre seulement 2% des couples actifs avec ou sans enfants travaillant à temps complet sont pauvres. On voit globalement que le travail et en particulier l'emploi typique préserve de la pauvreté quelque soit le statut matrimonial.

 

 

 

Accroche possible autour des Restos du coeur, des Enfants de Don Quichotte, ...

 

Exclusion comme rupture du lien social, qui prend les 3 formes du lien politique, social et économique. Le lien social, c'est ce qui donne sens aux existences individuelles. C'est ce qui fait qu'un individu sent utile aux autres à travers les rôles sociaux qu'il joue en tant que producteur (inscrit dans la division du travail), que conjoint, que parent, qu'ami, etc.

 

Qui dit exclusion dit échec des instances d'intégration sociale. Y en a-t-il qui sont prioritaires? Perdre son emploi ou divocer ont-ils les mêmes conséquences sur le processus d'exclusion?

 

Après avoir montré que les transformations de l'emploi participent à l'exclusion sociale, nous verrons qu'elles ne sont pas les seules à opérer et qu'elles se cumulent à d'autres formes de fragilisation du lien social.

 

 

Première partie. Les transformations de l'emploi.

 

I - Si la perte de son emploi ouvre la voie à la vulnérabilité sociale ...

            Peur du déclassement car travail = coeur de l'intégration sociale. En France en particulier, lorsqu'on perd son emploi, on perd le statut social (droits associés dans le cadre de la société assuranciel salariale) qui l'accompagne. D'où la voie vers l'exclusion.

            D'ailleurs perdre son emploi, c'est perdre un repère social central majeur. Même si le travail n'est pas la valeur centrale, même si la valeur travail a perdu pour beaucoup de son importance, il reste que le travail demeure la forme essentielle d'intégration. L'emploi procure en effet revenu permettant de participer à la société de consommation mais aussi de remplir ses besoins primordiaux (se nourrir, se loger, se vêtir). Sans emploi on ne les remplit qu'imparfaitement. Par ailleurs l'emploi offre un espace unique de sociabilité et de socialisation. De sociabilité car les amis sont souvent des collègues de travail. DOC. 3. De socialisation car le travail est l'activité sociale par excellence. En se levant chaque matin, l'on sait que des millions d'auters actifs font de même et que l'on participe à une mission collective. Ne parle-t-on pas régulièrement des chiffres de la croissance économique et donc du travail quotidien accomplit par chacun? Nous retrouvons ici le rôle de la solidarité organique chère à E. Durkheim. Chaque individu, à travers le métier qu'il exerce se sent solidaires de tous les autres membres de la collectivité. Le chômage constitue précisément une forme anormale de division du travail social révélant bien un défaut d'intégration sociale. On est exclut car on n'a plus de rôle à jouer dans la société, du moins dans la sphère professionnelle. 

            Certes il existe plusieurs types de chômage, d'un point de vue sociologique. Mais le chômage est persistant et de masse puisque le le chômage évolue depuis plus de 25 ans entre 8 et 12% de la population active (Selon le BIT). Le chômage de longue durée apparaît ici comme un véritable fléau. Ainsi pratiquement un Rmiste sur 2 en 2002 qui l'était depuis au moins 3 ans pouvait être considéré comme pauvre. On imagine que la persistance dans le chômage réduit l'employabilité et les chances de retrouver un emploi et donc d'être intégré par le travail. 

           

            A côté du chômage "officiel, n'existe-t-il pas des situations de grande précarité au travail ou en marge du travail à travers ce qu'on appelle le "halo" du chômage? Le marché du travail ne s'est-il pas segmenté ouvrant la voie à des situation d'exclusion?

 

II – ... il n'est pas sûr que le travail soit toujours intégrateur aussi.

            Passage du norme fordiste d'emplois (emploi typique : CDI à temps complet) à une normes plus floue où se développent les contrats a-typique et la flexibilité associés à une précarisation du travail et de la vie sociale : cf. Phénomène des travailleurs pauvres ne pouvant s'organiser à long terme, de même pour ceux qui changent régulièrement d'employeurs. Comment faire des projets? Le cumul de petits boulots, de stages non rémunérés, de temps partiels ne permet pas une vraie socialisation professionnelle et sociale. Professionnelle car pas de fixation dans l'entreprise.

            De même il faut croiser statut de l'emploi et nature du travail, comme le suggère S. Paugam. L'intégration assurée (emploi stable et travail intéressant, valorisant) ne définit pas la majorité des actifs   

            Aussi on peut légitimement se demander si le travail est encore un facteur d'intégration. De toute façon le travail peut-être amené à disparaître (J. Rifkin), le plein-emploi constituer notre passé (O. Marchand) et la famille  incarner la valeur centrale au sein des société industrielle (D. Méda). Toutefois cette dernière ne traverse-t-elle pas aussi une passe difficile? L'individualisme qui ronge les sociétés modernes ne va-t-il pas aggraver encore des situations précarisées?

 

Deuxième partie. La crise cumulative de toutes les instances d'intégration.

 

I – Quand la vulnérabilité ...

 

            Référence à la notion de R. Castel indiquant que dans le couple intégration socio-professionnelle/intégration socio-affective, l'une des deux fait défaut. Ainsi perdre son emploi ne conduit pas directement à l'exclusion si on peut disposer de soutien familial et d'un réseau d'amis. A l'inverse un divorce peut être tempéré par une bonne intégration professionnelle. Le problème c'est que deux instances d'intégration semblent traverser une crise : la famille et l'école. A Développer.

            La présence d'enfant(s) lorsque la situation économique est précaire conduit bien souvent à la pauvreté. Ainsi 1 ménage sur 2 vivant en couple avec enfant(s) compose de 2 chômeurs ou d'un chômeur et d'un inactif est pauvre en 2004, même après transferts sociaux.

 

II - ... se transforme en désaffiliation.

 

            Le problème, c'est quand la perte d'un emploi se cumule à une rupture familiale. Alors les individus sont victimes de désaffiliation. Comme l'indique le document 2, tomber malade lorsqu'on a plus de famille, ni de travail entraîne une perte de lien social et l'exclusion. Il faut savoir pour qui compter dans la société. Tant que les autres ont besoin de nous, on peut encore se sentir utile. Lorsque tous les repères tombent, qu'il n'ya rien à quoi se rattacher, alors la voie est ouverte à l'isolement, la précarité et l'exclusion. On voit que 40% des personnes seules sans enfant et souvent au chômage sont pauvres même après transferts sociaux en 2004. Cela traduit bien la difficulté des pouvoirs publics à éviter la marginalisation des individus, leur disqualification, pour reprendre une expression de S. Paugam. A l'inverse, être seul mais avoir un travail préserve de la pauvreté et ne concerne que 3% des individus dans cette situation matrimoniale.

            Comment imaginer ensuite qu'un SDF puisse se rattacher au lien politique? Aura-t-il une carte d'électeur? D'ailleurs on remarque que le taux d'abstention est proportionnellement inverse au niveau d'éducation et à l'intégration assurée, au sens de S. Paugam. On a plus de sens de rencontrer un cadre qu'un ouvrier non qualifié ou un chômeur dans un bureau de vote. Quand toutes les instances d'intégration sont en crise, il est logique que l'exclusion se renforce puisque les facteurs se renforcent eux-même mutuellement.