Intégration et solidarité

Nous sommes partis de la crise du lien social pour aboutir à l’intervention de l’Etat à travers l’Etat-Providence, garant de la cohésion sociale. Nos sociétés modernes seraient caractérisées par un processus de désinstitutionalisation, c’est-à-dire que les normes et valeurs seraient choisis par les individus et non plus imposées, le tout dans un contexte d’individualisation croissante ( cohabitation plutôt que mariage, divorces, ne pas se soumettre au groupe, etc.). Plus gravement elles subiraient un affaiblissement du lien social. Reste à voir ensuite comment mesurer cet affaiblissement. Par exemple E. Durkheim mesure le type de solidarité indirectement selon le système juridique de la société (type de droit prédominant, restitutif ou répressif). Il n’y a globalement pas de données objectives. Les chiffres de la délinquance notamment qui traduisent une situation d’anomie et de mal-être social, dépendent de la manière de mesurer (dépôts et enregistrement des plaintes au minimum). La pauvreté aussi se laisse mal mesurée. Le seuil de pauvreté doit-il se situer à 50% ou 60% du revenu médian ? Et pourquoi pas 60 ou 70% ? De plus la pauvreté n’est pas qu’absolue (ex. ne pas subvenir à ses besoins primaires—surtout dans les PED) mais aussi subjective (De quoi est-on privé par exemple ?). Reste la mesure du nombre de personnes touchant des aides sociales (minima sociaux).

Il ne faut pas exagérer dans ce cadre le rôle destructeur de l’individualisme. Il n'est pas forcément négatif (individualisme particulariste), il peut être aussi intégrateur et se référer à une valeur fondamentale (individualisme universaliste), « l'individualisme est un humanisme ». On pourrait dire la même chose à propos de toutes les formes de socialisation et d'intégration. La famille ou la citoyenneté par exemple sont peut-être davantage en recomposition qu'en crise. Les individus restent fortement attachés à la famille (création de liens, entraides, lieu de réconfort, etc.). Quant à la citoyenneté, la montée de l'abstention s'accompagne d'autres formes d'action et de protestations (manifestations, participation à des associations). De même pour le travail. Même si le chômage de masse et la précarisation (les salariés de la précarité selon S. Paugam) en modifient la substance, il reste un facteur essentiel d'intégration, et ce, malgré les cas de mal-être, voir de suicides, dont il est le vecteur.

Reste ensuite la question de la solidarité au niveau sociétal. L'Etat-Providence n'est-il pas en crise? Le déficit de la Sécurité sociale sera t-il un jour comblé? Le modèle français de protection sociale que certains voudraient « brûler » est-il en train de glisser dans une forme résiduelle, assurant un minimum financé par l'impôt et laissant aux individus le soin de cotiser pour eux-mêmes?

 

Notions centrales

Notions secondaires

Notions additionnelles

Lien social, socialisation, intégration, exclusion, Etat-Providence, assurance/assistance, redistribution

Pauvreté, anomie, déviance, individualisme, solidarité mécanique/organique, risques sociaux, universalisme, communautarisme, corporatisme

Individualisme particulariste/universaliste, salariés de la précarité, travailleurs pauvres (poor workers), disqualification, vulnarabilité, désaffiliation, les 3 formes de l'Etat-Providence (social-démocrate, corporatiste et résiduel), les 3 crises de l'Etat-Providence (financière, d'efficacité et de légitimité). 

 

Questions de termes et de définitions

Prélèvements obligatoires (p. o.) : ensemble des impôts et cotisations payés par les agents économiques servant à financer les services de l’Etat au sens général (inclut la Protection sociale). Le taux de prélèvement désigne alors le rapport entre les p. o. et le PIB. Ce taux tourne autour de 45%. Le niveau du taux de p. o. constitue un enjeu essentiel lié à la problématique de l’impôt : les impôts sont-ils trop importants ? Faut-il « privatiser » le service de Sécurité sociale ? 

Comment intégrer la notion de solidarité mécanique dans le sujet suivant : Peut-on être intégré sans travailler ? Dans la partie « travail indispensable » pour montrer que les solidarités mécaniques sont d’une certaine manière régressives. Travail régulé par l'Etat-Providence a permis l’accès à la norme de C  aux valeurs modernes (autonomie). Ainsi pour les ruraux, immigrés, femmes = émancipation par rapport à la tradition. Ainsi recul du travail => - d’émancipation, plus de dépendance, etc. Ainsi renouveau communautaire dans certains quartiers = identité et solidarité mais contrôle social fort. Au niveau de la famille, 1 présence + forte des parents et des grands-parents est source aussi de conflits. Ainsi solidarité dans l’indépendance favorise de bonnes relations. De plus la solidarité mécanique elle-même a besoin du travail. Ainsi précarisation professionnelle peut => fragilisation des liens familiaux. Perte du travail, facteur déclenchant de la désaffiliation ?