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EC3 sur l'accumulation des facteurs

Le 04/10/2023

EC3. A l'aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez en quoi l'accumulation de facteurs de production est nécessaire à la croissance économique.

Introduction

[Conseil : Essayez de définir les termes sans avoir l'air de le faire !]

Comme le prétendait K. Marx (1818-1883), le capital n'est que du travail mort c'est-à-dire qu'il est lui-même le fruit du travail des individus. En ce sens il montrait que l'accumulation de capital—en fait des moyens de production qui durent au moins une année dans le processus de production pour une définition plus contemporaine—est essentielle mais qu'elle n'est rien sans le travail des Hommes. Précisément la production nécessite à la fois du facteur capital et du facteur travail représentée par la quantité de travail et tout ce qui l'influence pour un niveau de qualification donné.

Aussi nous allons voir comment l'accumulation de travail et de capital permet la croissance économique, c'est-à-dire l'augmentation durable du PIB réel par habitant dans l'économie. Seule la croissance extensive sera étudiée ici, soit la quantité des facteurs utilisés. Nous envisagerons d'abord le facteur capital puis ensuite le facteur travail.

1ère séquence argumentative : le rôle de l'accumulation du capital.

[Présentation et explication du lien avec le sujet] Accumuler du capital c'est ajouter des machines, des ordinateurs, agrandir les locaux, ... Ces ajouts et agrandissement augmentent le stock de capital CAD la capacité technique de produire plus. L'opération par laquelle l'entreprise (ou l'administration) augmente son stock de capital s'appelle l'investissement. Celui-ci peut-être matériel ou immatériel, CAD concerner aussi biens les machines que les brevets ou dépenses en R-D. De ce fait l'investissement doit aussi prendre en compte l'investissement public. Cela montre à quel point les chances d'accroître la production sont vraiment vastes. Nous pouvons le montrer en comparant les pays émergents à forte croissance aux pays développés d'industrialisation plus ancienne.

[Illustration avec le DOC2]

[1ère relation] Alors que la Chine ou l'Inde sont connus pour leur forte croissance économique depuis plusieurs années, leurs investissement ont été colossaux et ont permis une accumulation impressionnante de capital. Ainsi entre 1990 et 2004, le stock de capital a augmenté de 11,3% en Chine et de 12,2% entre 2005 et 2018. Dans le même le capital contribuait en moyenne pour 5,7 points à la croissance du PIB chinois entre 1990 et 2004 et pour 6,8 points entre 2005 et 2018.

[2ème relation] Quelque que soient les pays nous observons une corrélation positive entre l'effort d'investissement et la contribution du capital en points. Il suffit que le stock de capital progresse moins vite pour que la contribution à la croissance du capital soit moins forte. Par exemple alors que le rythme de croissance du stock de capital diminue de 0,9 points (2,3-3,2 = -0,9) en France entre les périodes 1990-2004 et 2005-2018 la contribution à la croissance du PIB du capital passait de 1,3 points à 0,9 points.

[Précision 1] Il est dommage que le document ne précise pas la nature des investissements car on ne peut pas parler d'accumulation pour ce qui concerne l'investissment de remplacement qui vient uniquement remplacer un capital usé et/ou obsolète. Nous aurions besoin de l'investissement net et non brut comme l'indique la Formation "nette" et non pas "brute" de capital fixe. Mais dans ce cas la prise en compte de l'investissement de productivité nous conduit à la croissance intensive qui n'est pas note propos.

[Précision 2 et transition] D'une manière générale les investissements permettent d'accroître le stock de capital par travailleur. On se doute bien que si chaque opérateur d'une enteprise dispose de "sa" caisse à outil ou de "son" ordinateur, la production va être plus importante. Cela correspond à l'accroissement de l'intensité capitalistique. En tout cas cela montre que l'accumulation du capital n'est rien sans une accumulation, correspondante ou non, de travail.

2ème séquence argumentative : le rôle de l'accumulation du travail.

[Présentation et explication du lien avec le sujet] : Utilisation de l'exercice 2, p. 4 du dossier de cours.

[Illustrations avec les DOCS du sujet]

Conclusion

Nous avons vu comment l'accumulation des facteurs à travers les investissements, l'augmentation de la populaiton active ou la hausse des heures de travail permettaient de soutenir la croissance économique. Reste à voir ensuite pourquoi l'accumulation notamment du capital n'est pas neutre et qu'elle engendre des externalités positives à la base de la croissance endogène.

[Remarque finale : Plutôt écrire "nous" verrons que, "nous" supposerons que ... et non "on" verra que, "on" supposera que ...]

 

Remarques :

Si dans le cours on a évoqué le facteur travail et le capital humain, le facteur travail renvoie à la croissance extensive et donne une vision quantitative du travail alors que le capital humain renvoie à la croissance intensive et donne une vision qualitative du travail. Lorsqu'on parle d'accumulation du travail, on pense à la croissance extensive pour un niveau de qualification donné des travailleurs, CAD dont on suppose qu'il reste constant.

Le facteur travail

Le capital humain

Sont des notions à utiliser pour caractériser :

La croissance extensive

La croissance intensive

La dimension quantitative du travail

La dimension qualitative du travail


 

Les ERREURS rencontrées :

La Chine est le pays avec le + fort stock de capital (DOC2)

C'EST FAUX CAR : on ne connaît pas le stock de capital de la Chine mais uniquement son % de variation pour 2 périodes. La Chine est sans doute partie de très loin et doit rattraper son retard !

Faire une partie ou un § sur la croissance intensive, le progrès technique, la R-D, la PGF.

C'EST HS CAR : cela fait référence à la croissance intensive et non extensive. Certes il est difficile de ne pas parler de productivité, au moins avec l'I de productivité, mais il faut le faire le moins possible.


 


 


 

La courbe de Kuznets de l'environnement

Le 30/09/2023

La notion de « courbe de Kuznets de l'environnement » sert d'argument pour justifier la conception faible du développement durable. Rappelons que selon cette conception, il est possible de substituer entre eux les différents types de capitaux nécessaire à la production. On ne se limite plus toutefois au capital technique et au capital humain mais on prend aussi en compte la nature avec le capital environnemental et on considère le cadre institutionnel comme un capital particulier, le capital institutionnel. Cela n'est pas surprenant vue l'importance des règles formelles et informelles pour stimuler le progrès technique et la croissance économique.

Substituer des capitaux entre eux signifie que l'on peut en sacrifier en partie certains pour permettre à d'autres de se développer. Typiquement, il est nécessaire de sacrifier du capital naturel, au minimum les ressources non renouvelables, pour assurer la transition énergétique et donc favoriser le progrès technique. On a encore besoin de pétrole pour trouver les conditions de s'en passer ! Précisément la transition énergétique vers une économie décarbonnée, peu polluante, qui recycle ses déchets, … implique notamment une diminution de ce qu'on appelle l'intensité énergétique c'est-à-dire la quantité d'énergie nécessaire pour produire un bien ou un service ou pour produire 1 euro de PIB (ou 100 euros de PIB si vous voulez!) ou par personne.

Précisément la courbe de Kuznets de l'environnement montre qu'au cours du temps les technologies utilisées pour produire sont de moins en moins polluantes et utilisent comparativement moins d'énergie. Ainsi, au cours du temps l'intensité énergétique diminue. Certes nous pourrions voir que cela est responsable d'un effet-rebond mais c'est un autre problème qui renvoie à la conception forte du développement durable. Si on représente graphiquement la courbe de Kuznets, avec le temps en abscisses et l'intensité énergétique en ordonnées, elle est d'abord croissante puis décroissante. Elle forme une cloche. Lorsqu'un pays débute sa croissance économique, c'est-à-dire qu'il sort du piège malthusien, l'intensité énergétique augmente car il faut utiliser de manière extensive beaucoup de ressources avec des technologies pas toujours très « vertes ». Puis au cours du temps, grâce notamment au progrès technique permis par la croissance, les méthodes de production se font plus propres et de nouvelles formes de ressources énergétiques apparaissent. Par exemple l'électricité remplace le charbon. Conséquence : Les pays qui se sont développés plus tardivement ont un maximum d'intensité énergétique plus faible que les pays qui ont connu leur révolution industrielle au 19ème siècle comme la Grande-Bertagne, la France, les USA, … En effet les pays peuvent profiter au fur et à mesure des découvertes et innovations de méthodes de production plus efficaces ou d'énergie plus propres. Rien de comparable entre une éolienne ou une centrale nucléaire de 2023 et une mine de charbon de 1820 ! 

Enfin remarquons que Kuznets (1901-1985) n'y est pour rien dans le qualificatif d' "environnemental". A l'origine la courbe qu'il a dessiné concerne les inégalités. Celles-ci augmentent aux débuts de l'industrialisation puis déclinent ensuite. Mais c'est une autre histoire …

Trame 1 - La croissance économique

Le 24/09/2023

Il s'agit d'expliquer l'origine de la croissance économique (CAD de l'augmentation de la richesse produite de manière à peu près continue depuis 2 siècles) ainsi que les défis qu'elle pose.

1° Comment la mesurer ? Par le % de variation du PIB réel par habitant (cf. DM1).

2° Comment la croissance se fait-elle ? Il existe 2 grands types de croissance qui permettent d'augmenter la production : la croissance extensive (par transpiration) et la croissance intensive (par inspiration) (cf. I).

3° Qu'est-ce que la croissance extensive ? C'est la croissance qui est permise par l'accumulation des 2 facteurs de production que sont le travail et le capital. Accumuler c'est disposer de davantage d'actifs (les femmes qui participent davantage à la production, l'âge de la retraite qui est reculée) de davantage d'heures travaillées (recours aux heures supplémentaires, augmentation de la durée légale du travail) pour le facteur travail (cf. I-A-1). Accumuler c'est disposer de davantage de machines, d'outillage, d'ordinateurs, …, en ce qui concerne le facteur capital. Le stock decapital augmente grâce à l'investissement, (mesurée par la FBCF) hors investissement de remplacement (cf. I-A-2)

4° Pourquoi la croissance extensive est-elle limitée ? Car l'accumulation des facteurs est soumis à la loi des rendements factoriels décroissants (productivité marginale décroissante des facteurs, et notamment du travail) (cf. I-A-3).

5° Qu'est-ce que la croissance intensive ? C'est la croissance qui repose sur les gains de productivité des facteurs de production. Elle résulte notamment du progrès technique que l'on peut mesurer (en théorie) par la productivité globale des facteurs, mis en évidence par R. Solow avec un résidu s'ajoutant à la contribution des facteurs capital et travail. Cela nécessite de bien savoir lire statistiquement les contributions à la croissance du PIB. (cf. I-B-1). Grâce au progrès technique la production est de plus en plus efficace CAD qu'un salarié est capable de produire plus de richesse avec autant d'heures de travail (cf. I-B-2).

6° D'où vient le progrès technique permettant une croissance intensive ? Le PT est la résultante d'innovations. C'est J. Schumpeter qui a le premier mis en évidence le rôle des innovations dans la croissance économique (rôle dans la dynamique capitaliste). S'il en identifie 5, on en retient généralement 3 essentielles : les innovations de produit (le smartphone, les pompes à chaleur), les innovation de procédé (la production assistée par ordinateur) et les innovations organisationnelles (le travail à la chaîne il y a plus d'un siècle, la production en flux tendus, la vente en ligne, plus récemment).

7° D'où viennent les innovations ? Est-il possible de les encourager ? Contrairement à ce que pensait initialement R. Solow, le PT n'est pas exogène, il est endogène, CAD qu'il est possible de le favoriser. Les dépenses en recherche-développement jouent un rôle essentiel ici. En cherchant et en découvrant de nouvelles choses (formules, molécules, procédés, …), on favorise la mise sur le marché des inventions qui deviennent alors des innovations. (cf. II-A-1).

8° Comment le PT favorise-t-il la croissance et caractérise-t-il une croissance endogène ? En fait le développement des idées nouvelles est central car elles constituent un bien public cumulatif. Cela signifie qu'elles peuvent être utilisées par tout le monde une fois divulguées et qu'elles peuvent se combiner à l'infini les unes aux autres. Voilà pourquoi il est essentiel que des chefs d'entreprise et des chercheurs mettent au point des découvertes, des inventions puis des innovations. Les investissements dans le capital humain auront les mêmes effets. Plus la population est éduquée et plus elle peut s'approprier et faire fructifier les idées (anciennes et nouvelles), les nouvelles technologies (learning by doing). Il y a bien là une dynamique de croissance qui s'enclenche qui permet à son tour de nouveaux investissements dans la R-D et le capital humain dans un processus auto-entretenue (cf. II-A-1).

9° Pourquoi chercher à innover ? Pour J. Schumpeter l'innovation est le fait de chefs d'entreprise dont l'objectif est de réaliser des profits (collossaux). En commercialisant un nouveau produit ils détiendront un monopole sur leur marché et auront un maximum de clients, donc de ventes et de profit. Par ailleurs en innovant dans la manière de produire, grâce à un nouveau procédé ou une nouvelle organisation du travail, ils pourront réaliser des gains de productivité et vendre moins cher, ce qui leur permettra aussi des profits importants (cf. II-A-2). Le risque alors, c'est d'être copié par la concurrence, ce qui ne manque pas d'arriver, hormis la protection juridique permise par les brevets, ce qui renvoie au rôle des institutions.

10° Quel est le rôle des institutions ? En tant que règles formelles et informelles, les institutions ont un rôle central sur le développement des investissements et du PT (bref un rôle sur la croissance économique). Ainsi les brevets, en protégeant juridiquement les inventeurs sur une durée de 20 ans, leur garantit l'exercice de leurs droits de propriété. Ils sont donc incités à chercher et découvrir de nouvelles choses, qu'ils soient entrepreneurs, chercheurs ou simple citoyen. Cela met de nouveau en avant le rôle des idées et des connaissances sur la croissance (endogène) puisqu'un brevet est une codification du savoir (l'invention est décrite, expliquée dans le brevet). Sur le même registre, la diffusion du savoir permis par l'Encyclopédie au 18ème a été essentiel pour la révolution industrielle. Par ailleurs le cadre institutionnel renvoie aussi aux institutions informelles à travers le rôle des mentalités (les façons de penser) portées ou non au travail, à l'innovation, à l'esprit d'entreprise mais aussi à travers le rôle de la religion puisque M. Weber (1864-1920) établit un lien entre le comportement protestant et le comportement capitaliste favorisant l'enrichissement et poussant à la croissance économique (cf. II-B).

11° Le progrès technique est-il neutre sur la société ? Evidemment, non ! Le PT est à l'origine de ce que J. Schumpeter appelle la destruction créatrice. Les nouveaux produits, procédés, nouvelles orgnisation remplacent les anciennes et les rendent obsolètes, ce qui bouleverse l'économie (nouvelles entreprises qui mettent les anciennes en faillite, nouveaux métiers qui remplacent les anciens). Cela signifie donc que les innovations font des gagnants et des perdants mais que jusque maintenant la société dans son ensemble en a profité (cf. II-C-1). Par ailleurs le PT a aussi des conséquences sur la répartition des richesses puisqu'il engendre des inégalités de revenu. Il donne une « prime » au travailleurs qualifiés au détriments des non qualifiés. Les premiers sont davantage capable d'utiliser les nouvelles technologies et les nouvelles façons de faire. C'est le biais technologique. Les écarts de salaires augmenteront donc entre les 2 catégories de salariés. Le PT entraîne aussi un phénomène de polarisation des emplois qui désavantage les emplois à qualification intermédiaire. Si les salariés concernés n'arrivent pas à se convertir, ils devront occuper des emplois moins rémunérateurs, ce qui au final, creusera les inégalités de revenu avec les plus qualifiés (cf. II-C-2).

12° Quelles sont les limites environnementales de la croissance soutenable ?

Comme la production nécessite des intrants, CAD des matières premières, des sources d'énergie, des pièces détachées, on peut déjà regarder de ce côté-là CAD en amont de la production. Or les ressources utilisées qu'elle soient renouvelables (poissons, forêts) ou non renouvelables (pétrole, gaz) ont tendance à s'épuiser. C'est le phénomène d'épuisement des ressources. Cela entraîne une hausse du prix des ressources utilisées. Mais il faut regarder aussi en aval de la production CAD les externalités négatives issues du processus de production. On pense alors à la pollution (de l'air, de l'eau, des sols) et au réchauffement climatique lié au rejet de CO2 dans l'atmosphère. Cela occasionne des problème de santé, la disparition d'espèces et des catastrophes climatiques qui sont économiquement couteux et qu'il faut financer. Cela renvoie à la conception forte du développement durable, selon laquelle les types de capitaux sont complémentaires, on ne peut pas les remplacer les uns par les autres. Les limites écologiques constituent donc un frein à la croissance même soutenable car celle-ci « coûte » de plus en plus cher. Le PT peut même accentuer ce phénomène puisque les innovations pousse à l'effet-rebond et donc à la consommation (cf. III-A).

13° Comment l'innovation peut aider à reculer les limites environnementales de la croissance soutenable ? Il est possible de rester optimiste en défendant une conception faible du développement durable. Selon cette conception, les types de capitaux sont substituables. Ainsi perdre du capital naturel à cause de la croissance n'est pas dramatique si cette croissance génère le capital technologique ou humain favorisant le PT et la transition énergétique. C'est ce que suggère la courbe de Kuznets de l'environnement depuis la première révolution industrielle. Le PT peut alors jouer en amont ou en aval de la production, avec respectivement les technologies intégrées (énergie electrique décarbonnée) et les technologiques ajoutées (filtres limitant les rejets) (III-B).


 

Deux mécanismes autour du progrès technique

Le 23/09/2023

Résidu et paradoxe de Solow

Nous avons évoqué en cours le résidu de Solow qui correspond à la productivité globale des facteurs (la PGF) CAD la contribution à la croissance qui n'est pas expliquée par la simple accumulation des facteurs de production. Le résidu (la PGF) sert alors à montrer l'importance du PT et/ou les limites de la croissance extensive à travers la productivité marginale décroissante des facteurs.

La paradoxe de Solow renvoie quand à lui à une contradiction mise en perspective par Solow dans un artcle publié en 1987 où l'auteur constate que l'on utilise de plus en plus d'ordinateurs, notamment dans les entreprises, mais que cela ne se traduit pas par une hausse des gains de productivité : « We see computers everywhere except in the productivity statistics ». Or nous avons vu en cours que :

PT => gains de productivité

D'où une contradiction, un paradoxe.

Ce paradoxe sera au moins momentanément levé par la suite lorsque les gains de productivité augmenteront effectivement aux USA.

Comment l'expliquer ?

Par le fait que les innovations sont liées entre elles. Déjà Schumpeter soulignait que les innovations arrivaient par grappes CAD qu'elles se cumulaient brusquement, les unes à la suite des autres. Il parlera de grappes d'innovations. Ensuite nous avons vu à travers les exemple de la photographie notamment qu'une innovation devait s'appuyer sur des idées anciennes. Mais surtout, et c'est typiquement ce qui a permis de sortir du paradoxe de Solow, les types d'innovations sont liés entre eux. Certes les ordinateurs sont une innovation de produit mais en devenant une innovation de procédé dans les entreprises, ils ne transforment pas instantanément la production. Il faut que l'organisation de la production elle-même change grâce à l'utilisation de l'ordinateur pour que le processus de production devienne effectivement plus efficace.

Le paradoxe de Solw sert alors à justifier le rôle des innovations mais pour montrer qu'elles interagissent entre elles.

Sur le lien PT – inégalités de revenu

Pour approfondir la notion de biais technologique, il est possible de mettre en relation l'évolution des qualifications et les besoins des entreprises et administrations en main d'oeuvre qualifiée du fait du PT. Il faut alors mettre en relation l'évolution technologique avec le système éducatif (au sens large incluant les universités, écoles spécialisées, ...)

Si le nombre de dipômés est > au changement technologique alors il y a trop de main d'oeuvre qualifiée ce qui entraîne une baisse des salaires des qualifiés provoquant une baisse des inégalités de revenu

Si le changement technologique est > au nombre de diplômés alors il y a une pénurie (un manque) de main d'oeuvre qualifiée ce qui entraîne une hausse des salaires des qualifiés provoquant une hausse des inégalités de revenu

Ce schéma permet de montrer que l'évolution des inégalités liée à l'évolution technologique dépend aussi des choix en matière de dépenses d'éducation, CAD d'investissement en capital humain. Le PT ne suscite de hausse des inégalités que si il existe une pénurie (un manque) de main d'oeuvre qualifiée. A partir de là nous pouvons faire intervenir les choix des étudiants eux-mêmes. Si les salaires des qualifiés sont élevés, cela incite les étudiants à faire plus d'années d'études (ou des écoles spécialisées) ou aux salariés en place de se former. Toutes ces décisions aboutiront au bout de quelques années à accroître le nombre de travailleurs qualifiés. Si les besoins des enteprises n'ont pas augmenté, alors il y aura trop de main d'oeuvre qualifiée, ce qui fera baisser leurs salaires (et réduira les inégalités entre travailleurs qualifiés et les autres). Les nouveaux étudiants ne seront alors plus incités à faire de longues études (et/ou des écoles spécialisées) ce qui conduira au bout de quelques années à une pénurie de main d'oeuvre qualifiée. Les salaires des qualifiés augmenteront, creusant les inégalités avec les autres salaires, attirant de nouveaux étudiants et ainsi de suite …

D'un point de vue sociologique nous avons à faire ici à un bel effet d'agrégation CAD aux conséquences indésirées d'une somme de comportements individuels rationnels. Le fait que des individus prennent les mêmes décisions au même moment a des conséquences sociales CAD sur l'ensemble des individus.

Coase et la théorie du comportement

Le 01/04/2022

Dans la présentation qu'il a fait de l'Ecole de Chicago sur France Culture http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-les-ecoles-de-chicago-24-le-neoliberalisme-americaihttp://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-les-ecoles-de-chicago-24-le-neoliberalisme-americai , Alain Laurent laisse planer une ambiguïté embarrassante concernant la théorie implicite du comportement. Si à l'origine avec Frank Knight l'universalisation de l'hypothèse de maximisation de l'utilité—c'est-à-dire d'individus adaptant en toutes circonstances des moyens rares à leurs objectifs—est une « folie », ce ne serait plus le cas à partir de Milton Friedman et de ses continuateurs. Le problème c'est qu'en inscrivant logiquement Ronald Coase à côté de Stigler ou Gary Becker parmi ces continuateurs, A. Laurent commet un imprudence. Bien que dans la mouvance libérale, Coase n'a en effet jamais cessé de s'interroger sur les limites de l'hypothèse de rationalité maximisatrice. Si A. Laurent constate la nature évolutive de l'Ecole de Chicago en distinguant Knight et Friedman, sans doute faudrait-il aussi s'interroger sur la cohérence de cette "école". Coase apparaîtra en tout cas plus proche de Knight que de Friedman sur la conception du comportement. Pour illustrer cette proximité, , il suffira de s'appuyer sur quelques citations de R. Coase :

1/« Puisque les individus qui opèrent dans le système économique sont les mêmes que ceux l’on trouve dans le système juridique ou politique, on peut espérer que leur comportement sera, dans un sens large, similaire. Mais cela ne signifie en aucun cas qu’une approche développée pour expliquer le comportement dans le système économique se réalisera aussi avec succès dans les autres sciences sociales. Dans ces différents champs, les objectifs que les individus poursuivront ne seront pas les mêmes et, en particulier, la structure institutionnelle dans laquelle les choix seront faits ne sera pas la même », (R. Coase, 1975, pp. 42-43).

2/« Il n’y a aucune raison de croire que la plupart des être humains maximisent quoi que ce soit tant que ce n’est pas déplaisant, et même avec un succès incomplet », (R. Coase, 1988a, p. 4).

3/« Mais il est, bien entendu, désirable que le choix entre différents arrangements sociaux pour la solution de problèmes économiques doit être entreprise dans des termes plus larges que cela et que l’effet total de ces arrangements dans toutes les sphères de la vie doit être pris en compte. Comme Frank H. Knight l’a souvent remarqué, les problèmes de bien-être économique doivent en dernier recours se dissoudre dans une étude esthétique et morale », (Coase, 1960, p. 43).

Outre la référence explicite à Knight, cette citation est d'autant plus importante qu'elle conclut The Problem of social cost. C'est cet article qui a servi de fondement à l'énoncé du célèbre « théorème de Coase » justifiant la maximisation de la valeur de la production lors de l'attribution des droits de nuisance. On pouvait croire à travers les cas analysés par Coase que le critère d'efficience devait être structurant; Or ce n'est pas le cas.

4/« (...) placé dans un choix entre une théorie qui prédit bien mais nous donnant peu d’éléments sur le fonctionnement du système et une qui nous donne ces éléments mais prédit mal, je choisis la dernière », (R. Coase, 1981, p. 17).

Cette citation est importante dans la mesure où elle constitue une critique de la méthodologie friedmanienne du « as if ». Pour M. Friedman en effet, ce n’est pas tant le réalisme des hypothèses qui importe que leur capacité prédictive. Peu importe par exemple que les entreprises n’aient pas conscience de maximiser leur profit. Le processus d’évolution fait que seules les meilleures survivent et il est possible de considérer qu’elles ont agi comme si elles l’avaient effectivement maximisé. Et c'est une telle conception que R. Coase conteste. D'où :

5/« Dire que les individus maximisent leur utilité ne nous dit rien sur les raisons pour lesquelles ils s’engagent dans des activités économiques et nous dit rien sur le fait de savoir pourquoi les individus font ce qu’ils font », (R. Coase, 1975, p. 43).

En tout cas un auteur comme Posner prétendra même que la démarche de Coase est « anti-théorique »! CE faisant la critique de Posner s’adresse non seulement à Coase mais aussi à Williamson. Or sur ce point la réponse de Coase est sans ambiguïté :

6/ « Posner s’oppose aux concepts adoptés par Williamson comme celui de “ rationalité limité ”. J’ai aussi des réserves sur ce concept comme j’en ai sur tout concept économique qui comporte le mot “ rationnel ” (...) Quelque soit le résultat, l’approche fondamentale de Williamson sera non affectée », (Coase, 1993, p. 98).

7/« Je voudrais souligner que la croyance dans la main invisible n’implique pas que le gouvernement n’a pas de rôle à jouer dans le système économique. C’est tout le contraire. Si il est en général vrai que les hommes, suivant leur propre intérêt personnel agissent dans une voie qui est bénéfique pour la société, c’est, pour citer Edwin Cannan, « parce que les institutions humaines sont arrangées pour obliger l’intérêt personnel à travailler dans des directions où il sera bénéfique ». Notre tâche comme économistes est d’aider à l’élaboration et l’amélioration de telles institutions. En faisant cela, nous ne devons pas ignorer la face noble de la nature humaine quand cela peut être mis en jeu », (R. Coase, 1966, p. 444).

Pour les quelques références bibliographiques :

(1960) : « The Problem of Social Cost », The Journal of Law and Economics, 3, n°1, pp. 1 - 44.

(1966) : « The Economics of Broadcasting and Government Policy », American Economic Review, 2, may, pp. 440-47.

(1975) : « Economics and Contiguous Disciplines », présenté lors de l’Association internationale d’économie à Kiel, reproduit dans R. Coase, 1994, pp. 34-46.

(1981) : « How Should Economists Choose », The third G. Warren lecture in political economy, délivrée le 18 novembre au American Enterprise Institute for Public Policy Research, Washington D. C. , reproduit dans R. Coase, 1994, pp. 15-33.

(1988a): « The Firm, the Market and the Law », dans The Firm, the Market, and the Law, The University of Chicago Press, 1988, Paperback edition, 1990, pp. 1-31.

(1993) : « Coase on Posner on Coase », Journal of Institutionnal and Theorical Economics, 149/1, pp. 96-98.

(1994): Essays on Economics and Economists, The University of Chicago Press.  

Licenciements et philosophie politique

Le 01/04/2022

Dans son billet politique du 11 décembre sur France culture, Hubert Vuertas fustige la légèreté du Président d'EADS auquel on demande de motiver les licenciements annoncés. On comprend qu'une telle chronique intervienne dans un billet « politique », puisqu'il s'agit de réfléchir à la dimension politique d'un décision économique. Mais sans être un défenseur acharnée de la libre entreprise dérégulée, nous devons noter qu'un tel questionnement ne va pas de soi. Doit-on condamner le Président d'EADS sous prétexte qu'il dirige un groupe emblématique français? Bien sur que non car alors les PME pourraient tout se permettre sans attirer les foudres d'un quelconque chroniqueur.

Serait ensuite en cause la responsabilité sociale des entreprises. C'est un problème grave en effet mais il faut savoir où situer le rôle des entreprises et de la collectivité. Le rôle des pouvoirs publics n'est-il pas simplement, avec des moyens sans doute plus conséquents que ceux dont ils disposent actuellement, d'accompagner le changement, les restructurations plutôt que les empêcher? N'a t-on pas entendu sur la même station radio un chroniqueur fustiger l'appel à une main d'œuvre étrangère pour fournir des postes dans l'industrie des machines-outils agricoles, alors même que des compétences proches seraient à puiser dans la main d'œuvre licenciée du secteur automobile?

L'entreprise capitaliste obéit à ses règles et qui ont peu à voir avec la charité, c'est un fait. Il ne s'agit pas de ressortir ici les vieux poncifs d'inspiration smithienne sur la charité et l'intérêt personnel, ni même de soupçonner les entreprises de favoriser le bien-être de leurs salariés uniquement pour accroître leur productivité et donc la rentabilité des actionnaires. Sans doute est-là un fait. Au surplus accorderons nous que l'emprise du capitalisme financier s'est avérée trop importante au mépris des salariés et du capitalisme industriel lui-même. Mais alors il faut poser le débat clairement en ces termes. Pour l'heure, il s'agit des motivations économiques d'une décision économique. Les questions politiques n'ont pas à interférer. On ne peut pas dire aux dirigeants économiques : arrêter de licencier car il y a des élections dans 6 mois et que les Français risquent de voter pour le Front national. Car soyons honnête, c'est de cela dont il est question. Les chroniqueurs connaissent les vieux démons de toute démocratie : la sécurité dans l'ordre plutôt que l'insécurité dans la liberté. Certes Karl Polanyi nous dirait que les individus ont toujours préféré la sécurité et que c'est justement le système de marchés créateurs de prix qui a plongé les individus dans l'incertitude du lendemain, que la monnaie, la terre et les hommes sont des marchandises fictives et qu'elles ne peuvent le devenir que sous couvert d'une complexe armature institutionnelle. Et pour lui il ne s'agissait pas de miser contre la liberté mais de retourner tout bonnement à la nature humaine. Nous retrouvons alors la sempiternelle question rousseauiste : N'est-ce pas la société qui a corrompu un Homme naturellement bon? Mais c'est oublier un peu vite que la vie n'est pas un cadeau, qu'être plongé dans le monde c'est lutter, que la rareté des ressources fait partie de notre essence. En défendant sa théorie de l'évolution, Darwin ne se situait pas dans le camp des méchants capitalistes, mais sur le terrain de l'existence. Après évidemment on peut bien admettre que les acteurs économiques cherchent à se protéger de l'incertitude, de la concurrence, que la routine s'est substituée à l'innovation continuelle et que les chantres de la compétition sont eux-mêmes protégés par des barrières invisibles d'origine institutionnelles. Et effectivement, comment justifier la concurrence si cette dernière n'est pas « parfaite », si elle ne répond pas à des critères rationnels qui sont supposés la justifier comme l'aurait proclamé l'économiste français Léon Walras?

Personne ne peut souhaiter de toute façon la guerre de tous contre tous et tel n'était pas l'intention de Darwin. Reste alors à réfléchir sur le bon équilibre entre concurrence et compétition. N'est-ce pas au fond ce qui structure l'organisation des systèmes productifs locaux? Mais alors c'est le réseau de PME existant dans ce pays qu'il faudrait contribuer à solidifier. 

Houellebecq, la religion et l'écologie

Le 01/04/2022

Il est des coïncidences malheureuses, voire macabres. Il a été suffisamment noté que le jour de l'attentat contre Charlie Hebdo a correspondu à la sortie du dernier opus de Michel Houellebecq imaginant (prophétisant?) l'arrivée au pouvoir d'un certain Ben Abbès, chef du parti des Frères mulsulmans. L'histoire avait de quoi amuser éventuellement intriguer, elle trouve désormais de quoi inquiéter. A la lecture, c'est moins le parallèle entre les événements qui doit alerter les consciences, que l'essence même de la trame. Loin de critiquer l'Islam, le roman présente au contraire cette religion comme le dernier vecteur d'ordre dans un Occident en décomposition à côté de la réaction frontiste. On y voit par exemple des fonds saoudiens mettant fin à la prostitution financière de la Sorbonne, la langue française retrouver de sa vigueur, le chômage et la délinquance en voie d'éradication, ... Même les pulsions sexuelles, mobiles puissants des héros houellebecquiens, s'amoindrissent avec l'habitude de côtoyer des femmes en patalons et voilées. Evidemment cela a de quoi faire peur mais les récits spécualtifs ont justement le mérite de faire réfléchir. Quel degré de probabilité pour tel ou tel événement, tel ou tel choix? C'est toujours a partir d'un réel inscrit dans les contingences historiques que l'auteur imagine ce qui pourrait advenir. Les fils invisibles qu'il tisse relève toujours d'un champ des probables. Certes personne ne croit à un F. Bayrou premier ministre en 2022, mais il faut lire : "croire à un homme du consensus, qui ne crache pas sur l'importance de la foi, ...". De même l'éventualité d'une alliance UMP-PS-Frères musulmans pour barrer la route au Front National paraît peu probable, mais pas ... impossible. De ce point de vue, évidemment, on peut toujours prétendre que tout est imaginable mais le roman tient quand même la route et jusqu'au bout on peut demeurer intrigué et vouloir connaître l'issue ultime. En fait malgré les atternoiements relativement limités quand même du héros, tout fini bien, trop bien peut-être. Lorsqu'on suit l'histoire bien malheureuse du personnage principal, maître de conférences, sans épaisseur relationnelle et existentielle, ayant pensé au suicide, bref sans ce qui fait de la majorité des être humains des êtres sociaux—leimotiv des personnages houellebecquiens—on comprend que la dernière phrase du roman puisse être : "Je n'aurai rien à regretter". Le héros finit par se convertir à l'Islam, avec son rite de passage particulièrement bénin au demeurant, et à accepter les compromissions qu'implique le nouvel ordre religieux. Les choses se font presque naturellement. Il y a peu de tergiversations, peu de calculs politiciens, peu de réflexion sur l'avenir à long terme de la France, sur le contexte politico-financier et social. De toute façon le nouveau président a la trempe d'un Richelieu ou d'un Napoleon, c'est un batisseur d'empire. Le pays trouve par des voies détournées ce qu'il cherche justement depuis longtemps : le grand Homme qui saura le guider, l'Homme providentiel. Et puis, entre nous, aller vers le Troisième Empire, risquerait de poser des problèmes de traduction en langue allemande ... alors pourquoi ne pas s'en remettre à une ... troisième voie? C'est la raison psychologique qui l'emporte dans l'enchaînement des événements. Le héros parvient à faire de sa vie deux périodes distinctes, côte à côte, et exclusives l'une de l'autre, comme son père y était parvenu par son remariage.

Mais les coïncidences ne s'arrêtent pas là. Car pendant ce temps, le magazine Capital s'interrogeait, dans son numéro de janvier, sur les pays capables de relancer leur croissance, et surtout Marc Touati nous pondait un tout nouveau livre sur la nécessité d'une thérapie de choc en France. Heureusement qu'on a manifesté pour la liberté d'expression, il aurait été vraiment dommage que les conseillers financiers qui avaient prédit à l'hiver 2007, quelque mois après le déclenchement de la crise des subprimes, une remontée rapide du CAC 40 pour 2008, soient interdit de pouvoir encore s'exprimer sur la bonne politique à mener dans ce pays. A quand le retour d'un Etat qui ne sera plus le complice de cette impardonnable complaisance collective qui a élevé au rang d'élite nationale, voire mondiale, toute une clique d'experts et de financiers, à l'utilité douteuse, à la nuisance certaine. On rêve d'un président qui osera dire, un jour, dans un meeting parisien, harangué par une foule de sympathisans, que le véritable ennemi, c'est la finance ... Il y en a qui jouent leur bonus, d'autres leur vie, avec pour champ de bataille la France, dont on finit par se convaincre qu'elle n'appartient plus aux premiers. Touati et les experts nous promettent en tout cas des réformes, toujours des réformes, pour produire plus, pour produire mieux. Mais il faut être sérieux au moins une fois dans sa vie. Il ne faut pas chercher la croissance, il faut la fuire. Il faut bien comprendre que la question du chômage ne peut plus être résolue et qu'elle n'a plus à l'être. Il faut passer à autre chose. Alors qu'Olivier Marchand pouvait encore titrer un ouvrage en 2002 : Plein emploi, l'improbable retour, il semble bien que plus de 10 ans après, le pourcentage de probabilité soit tombée à 0. Depuis longtemps on le sait, l'enjeu est distributif, il faut réfléchir aux limites, à la redistribution.

Et c'est précisément sur cet enjeu crucial que l'on retrouve le roman de Houellebecq. Les solutions ne sont pas infinies. Notre entendement ne peut pour l'instant en concevoir que deux : l'écologie et la religion. Dans les deux cas c'est d'un retour aux normes dont il s'agit. Les deux ont ceci de bon qu'elles imposent une discipline à un moment où la République a du mal à distiller une morale laïque, ou en tout cas sa propre morale. Le risque d'autoritarisme n'est jamais à écarter en matière écologique avec les défenseurs de la deep ecology et de ce que certains ont nommé l'écolo-fascisme. En hypothétisant sur une victoire des frères musulmans en France, Houellebecq mise en fait sur la religion plutôt que sur l'écologie, voilà le sens profond de son roman. D'où le passage sur le distributivisme. C'est la répartition plus que la production qui constitue l'enjeu économique du moment. Les premiers économistes, classiques puis néoclassiques ne s'y étaient pas trompés qui inscrivaient au coeur de leur démarche la question des conflits et de distribution de la richesse. Mais peut-être faut-il regarder avec G. Arrighi aux "promesses de la voie chinoise", qui aurait misée, depuis l'origine sur un capitalisme redistributif plutôt que productif? Cependant le régime chinois, tout comme un régime islamique, peuvent-ils sérieusement faire rêver? 

 

le partage des compétences au sein de l'Union européenne

Le 01/04/2022

1/La Commission européenne, le parlement européen et le Conseil de l'Union européenne (le conseil des ministres) constituent les fondements du triangle institutionnel européen car ils font "vivre" les pouvoirs exécutif et législatif de l'UE et reposent chacun sur un principe spécifique d'une union qui est davantage qu'une confédération et pas encore tout-à-fait une fédération à l'américiane par exemple.

Pouvoir exécutif = Commission. C'est elle qui propose les lois, veille au respect des décisions européennes. Parle au nom de l'Europe et défend l'intérêt général de l'Europe. Par exemple une décision peut "favoriser" l'Allemagne mais "défavoriser" la France et vice versa. Il y a 27 commissaires plus le président.

Pouvoir législatif : partagé entre le conseil des ministres et le parlement. Le conseil parle au nom des Etat membre (chaque ministre défend les intérêt de son Etat ) et le parlement parle au nom des citoyens européen, ce qui peut inclure un intérêt général européen mais difficile à évaluer. Il y a 28 Etats membres et le Parlement européen compte 751 députés depuis la législature de 2014. Si la France possède 74 euro-députés, l'Allemagne en dispose de 96.

2/ Pôle communautaire = regroupe les institutions politiques européennes qui agissent e nfonction de l'intérêt de l'UE dans son ensemble et non en fonction de l'intérêt des Etat membres. Par exemple un commissaire portugais peut très bien défendre une directive qui favorise une partie des pays européens mais pas le Portugal. L'Europe parle alors d'une seule voie.

3/ Les lobbies ont un rôle important du fait des montants engagés, du nombre de lobbystes travaillant à Bruxelles, des rencontres qui sont faites avec par exemple les eurodéputés, sureprésentation de la finance et des entreprises américaines. C'est logique puisque les acteurs économiques cherchent à défendre leurs intérêts, encore faut-il que tous les intérêts en présence soient représentés. Mais cela est dangereux car normalement en démocratie les intérêts économiques doivent s'effacer devant l'intérêt général. Pensons aux OGM par exemple. Par ailleurs comment concevoir que les firmes US soient autant représentées alors que l'on parle de l'Union européenne !

La procédure de codécision (entre le Parlement et le Conseil de l'Union européenne).

5/ Vote à la majorité qualifiée. Depuis le 1er novembre 2014, le processus de décision au sein du Conseil (Conseil des ministres) a changé. S’applique désormais le système introduit par le traité de Lisbonne : celui d’une double majorité, celle des États et celle des citoyens (art. 16 TUE et 238 TFUE). La majorité qualifiée doit rassembler au moins 55% des États membres (soit un minimum de 16 États) et 65% de la population. Il existe une minorité de blocage qui doit inclure au moins quatre États membres représentant 35% de la population, sinon on considère que la majorité qualifiée est atteinte. Cette minorité de blocage a été introduite à la demande des « petits pays » pour éviter que trois États membres parmi les plus peuplés, puissent empêcher l’adoption d’une décision.

Vote à la majorité simple : selon le nombre d'Etats qui a la majorité.

Vote à l'unanimité : Tous les Etats doivent être d'accord sur une directive ou un projet.

Le vote à la majorité qualifiée est un intermédiaire entre la majorité et l'unanimité. L'unanimité bloque la construction européenne, il y aura toujours au moins un pays en désaccord sur un projet et la majorité simple implique une Europe fédérale, les pays minoritaires se soumettant à la loi de la majorité, ce qui est politiquement difficilement envisageable (manque de soutien populaire des citoyens).

Remarque : la procédure de vote à la majorité qualifiée concerne le vote en Conseil des ministres.

6/ Le parlement européen peut empêcher l'adoption d'un acte malgré la procédure de conciliation lorsqu'il y a désaccord avec le conseil de l'UE (conseil des ministres). Comme dans les procédures législatives natioanles, des amendements peuvent être déposés. Plusieurs lectures sont donc posibles.

7/ Le traité de Lisbonne renforce les pouvoirs du parlement en étendant la codécision (procédure législative ordinaire) à 50 nouveaux domaines et en lui laissant élire le président de la Comission européenne sur proposition du Conseil des ministres.

8/ Glissement vers une europe fédérale avec : la nomination d'un représentant de l'Union pour les Affaires étrangères : l'europe est donc ensée parler d'une seule et même voix au niveau diplomatique. Mais c'est loin d'être une réalité, cf. Affaire ukrainienne! + nomination d'un président du Conseil européen, mais ce n'est pas un "vrai" président au sens de chef de l'exécutif, d'ailleurs qui connaît son nom, ce qui traduit le manque de visibiltié de l'UE + extension du vote à la majorité qualifiée qui augmente les chances de faire passer des décisions au nom de l'Europe puisque c'est la Comission qui propose les lois et qui parle au nom de l'Europe.

 

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