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La politique une fois de plus impuissante ?

Le 01/04/2022

On peut logiquement imaginer que le citoyen américain qui a voté pour Donald Trump souhaite voir sa politique appliquée. Le problème c'est qu'en nombre de votants effectifs cela représente environ un quart de la population, c'est peu, et cela doit immanquablement conduire à des aménagements. Le constat aurait été le même à 200 000 voix près pour Hilary Clinton. Cela fait déjà un écart par rapport aux espérances nourries durant la compagne. Mais plus gravement le candidat anti-système risque de se heurter à la logique même du système c'est-à-dire au principe de réalité de l'économie capitaliste. C'est ce que montre justement André Cartapanis dans un papier intitulé "Et si la finance sauvait les Etats-Unis de Donald Trump". L'incertitude à long terme de la politique économique de Trump (augmentation des droits de douane et risque probables de mesures de rétorsion, dépenses d'infrastructures et militaires, baisse de la fiscalité) provoquera une défiance des investisseurs qui exigeront une prime de risque plus forte et donc un accroissement des taux d'intérêt qui aboutira à remettre en cause la croissance économique. Trump devra alors reculer, et Cartapanis de conclure presque fièrement : "Face à la panique des marchés, Donald Trump devra alors abandonner la plupart des engagements qui lui ont permis d'être élu. La finance et les marchés boursiers auront alors sauvés l'Amérique de Donald Trump". Voilà un bel optimisme d'économiste qui de surcroît croît parler au nom du peuple et mieux savoir que lui ce qu'il faut faire. Il s'agit de "sauver l'Amérique" et, on le devine, le monde entier. De nombreuses émissions ont aussi véhiculé des thèmes du type "Trump est un milliardaire, c'est un capitaliste, il ne prendra donc pas des décisions contraires au monde des affaires", "il sera pragmatique", et ses premiers discours vont dans ce sens, il aurait déjà revu la baisse son intention de détruire l'Obama care qui, soit dit au passage, n'est pas d'une grande limpidité pratique. Effet d'anonce ? A suivre.

On voit bien en tout cas que la conduite des affaires courantes dans un univers particulier impose des décisions et limite le champ des possibles. Voilà qui doit faire froid dans le dos plutôt que rassurer. Même un candidat qualifié de populiste, voire de démagogue, il faudra s'entendre sur ces termes, ne peut rien faire et peut-être même parce qu'une fois au pouvoir sera impuissant ne peut-être que démagogue durant une campagne présidentielle. Le populisme est la conséquence du pouvoir de l'économie. Les partisans de D. Trump auraient peut-être secrètement souhaités un effondrement des marchés financiers. Il n'en a rien été, justifiant ainsi le schéma de Cartapanis. Un chef d'Etat pourra t-il alors prendre le risque de changer ouvertement de système ? En l'espèce il n'est pas certain que ce soit le voeu profond de l'Américain moyen. Pierre Gattaz pourrait alors prêcher aux Etats-Unis comme en France la bonne parole, "allez donc en Corée du Nord si vous ne voulez pas jouer dans la cours des grands" ! D'ailleurs Cartapanis le précise, seule la mise en place d'un "gossplan yankee" permettrait à Trumps de réaliser ses promesses ...

Chroniques macroniennes (II)

Le 01/04/2022

La victoire d'Emmanuel Macron a constitué au fond une surprise attendue. Alain Badiou a évoqué quand à lui un coup d'Etat démocratique. Nous ne pouvons que rivaliser d'oxymores avec ce nouveau président. C'est déjà peut-être un point positif. Les intellectuels aiment la complexité, les ambiguités. C'est leur fonds de commerce. Ils gagnent leur vie, en tentant de démêler le cafarnum de la quotidienneté. Avec Macron, il y a de quoi être servi. Merci mon prince. Le problème en tout cas avec ce positionnement oxymorique c'est qu'il induit un procès en complotisme. La vérité est ailleurs. Ce n'est pas un hasard si l'expression "en vérité" apparaît souvent dans les propos de la leader du Front national. Il faut distiller l'idée que sous des apparences de gendre idéal, Macron cherche à abaisser la culture française, un savoir vivre et un savoir penser populaires devenus ringards auprès des élites mondialisées. Un tel point de vue en termes de démission des élites remonte au moins, et pour le cas américain, au brillant penseur, Christopher Lasch. Malgré le caractère plausible d'une telle argumentation il ne faut pas oublier non plus qu'elle opère comme n'importe quelle autre un effet d'imposition. Il s'agit toujours de faire croire à quelque chose, d'en appeler au sens commun, aux croyances, bref à l'indicible, plus rarement à la raison mais que peut-elle ?

De quel droit évoquer ses impressions sur le monde politique ? Qu'est-ce qu'un petit professeur égaré peut bien apporter de plus sur un monde politique ultra scruté et ultra commenté ? Chacun y va de son petit commentaire, de sa petite phrase. Mais justement est-on plus fin analyste en étant journaliste de plateau télévision ? Tout le monde sait que l'information pure n'existe pas,que la réalité est toujours une scène à filmer parmi d'autres. Celà nous le savons au moins depuis Pierre Bourdieu. Et puis il y a aussi l'autre côté de la scène, ce cerveau qui observe et qui n'est à l'évidence pas un simple receptable. Les messages sont interprétés, il y a une barrière idéologique qui filtre les données. Non décidément personne ne peut s'arroger en la matière de droits particuliers. L'exemple récent de Julien Rochedy est instructif. Son parcours politique est bien connu mais le reportage qu'il nous a livré de Damas dans le contexte actuel de guerre ne peut laisser indifférent. Nous pouvons y voir des femmes libres, exerçant des activités diverses et choisies. Il faut vraiment faire un effort pour croire qu'il y a la guerre a proximité. La hantise de ces femmes, d'ailleurs, c'est la victoire de l'obscurantisme religieux. A ma décharge, j'ai visionné ce reportage au même moment où des femmes manifestaient dans Paris au quartier Pujol pour retrouver le droit de ... circuler librement dans la rue ! Saisissant et inquiétant contraste. Comment articuler alors ces deux informations qui n'en sont peut-être pas ? Qu'est-ce que le réel, au fond ? Au mieux pouvons nous espérer une certaine cohérence interne du raisonnement lorsque nous l'analysons, un principe de non contradiction, en faisant abstraction des changements d'opinions qui ne peuvent manquer d'advenir sur une période suffisament longue ou mouvementée.

Deux événements m'ont particulièrement saisi ces temps-ci. D'abord la démission du général De Villiers et l'indigence de ce qui s'appelle en France l'opposition. Celle-ci a retrouvé ses réflexes basiques alors même qu'il est admis que la politique ne serait plus comme avant. La séquence a été la suivante, du moins de ce que j'en sais : audition programmée du chef d'Etat major auprès d'une commission parlementaire – propos qui ont fuité (pourquoi ?) - énervement du président de la République, rappel à l'ordre et à la Constitution : Le président est le chef des armées – démission du chef d'Etat major, événement rarissime. Devons-nous toutefois parler d'humiliation en ce qui concerne ce général ? Le chef de l'Etat n'est-il pas  effectivement le chef des armées ? Mais en le rappelant haut et fort, il aurait dévoilé une évidence masquant justement un manque d'autorité. Nous avons eu le sentiment en tout cas que l'opposition guettait le moindre faux-pas pour en faire une affaire d'Etat. C'est le jeu de l'arène politique dira t-on. Mais justement les Français n'ont ils pas fait savoir qu'ils n'en pouvaient plus de cette soupe nauséabonde et que cela donnait même sens au récent et incroyable parcours de Macron ? Il ne faut pas se tromper de front. Certes la présentation en termes de dépassement du clivage droite/gauche initié par le candidat Macron a vraisemblablement été hypocrite, en ce sens qu'il a répondu à une attente, vérifiée d'ailleurs, des Français. Mais de là à retomber dans les travers les plus détestables de ce clivage ... Certes les questions de défense ne sont pas à prendre à la légère et comme le prétend justement Jean-Luc Mélenchon, les dépenses doivent succéder à l'urgence des missions et non constituer une variable d'ajustement. S'il faut dépenser de l'argent pour la défense alors il faut le faire. Mais faut-il pour autant s'interdire de penser le ratio d'encadrement qui paraît problématique, tout comme en Grande-Bretagne d'ailleurs ? Que penser de ce que l'on appelle la deuxième section, composée de généraux à disposition du ministère de la défense mais qui ne sont pas en activité et disposent encore d'avantages substanciels ? De celà, il est vrai, il n'a pas été question. Voilà pour le premier fait que nous voulions évoquer.

Ensuite il y a eu ce qui a été présenté comme un cafouillage à l'Assemblée nationale dans la nuit du 25. Certes les images montrent une président de séance visiblement dépassée par les événements qui a besoin d'un costume cravate derrière elle pour lui souffler semble t-il quelques conseils, une chambre très clairsemée, des députés qui se lèvent, contestent, prennent la parole au motif de rappel du règlement. Mais justement, cela a donné à l'Assemblée nationale un air de jeunesse. On se serait cru en 1789 quand les jeunes élus découvraient une vie parlementaire à inventer. Plutôt réjouissant. Mais peut-être est-ce justement trompeur. Derrière ce tableau candide on trouvera tôt ou tard des enarques prêts à remettre ces députés dans le droit chemin. Pour le cacher, il fallait laisser croire à un cafouillage révélateur d'une autonomie et d'une auto-organisation de l'Assemblée nationale, ce qu'elle n'est peut-être plus.

 

Genre et idéologie

Le 01/04/2022

C'est la grande trouvaille des partisans du genre, que d'affirmer que les représentations sociales sur le sexe sont préalables à son substrat biologique. Il a souvent été dit qu'un tel positionnement poursuivait les travaux de la French theory dont se réclament de nombreux auteurs. Le monde est une construction sociale, intellectuelle, contingente. Il est donc permis de le déconstruire. Déconstruisons, déconstruisons, c'est la loi et les prophètes !

Il s'agit alors de dénaturaliser le sexe pour révéler au grand jour les rapports de domination qui régentent les relations hommes-femmes. Il n'y a rien de naturel à ce que les femmes accèdent moins que les hommes aux postes à responsabilité (le fameux plafond de verre), qu'elles soient moins rémunérées que les hommes pour un emploi identique, qu'elles consacrent davantage de temps aux tâches rébarbatives. Non, il n'y a rien de génétique là-dedans. Mais alors questions simples, emprunt de sexisme larvé diront certaines : Pourquoi les femmes n'arrêtent-elles pas de faire le ménage ? De s'occuper des enfants ? De faire les courses ? De préparer à manger ? A cause d'une culpabilité, socialement construite ? Mais si elles le font toutes en même temps, ce sentiment du devoir inaccompli tombera normalement de lui-même. Mais on le sait aussi une telle révolution implique une action collective concertée extrêmement difficile à mettre en place. Les économistes nous l'ont appris avec leur notion de free rider. Chacun à intérêt à laisser les autres supporter le coût d'une action collective. Elles ne le font pas car elles sont financièrement dépendantes de leur mari ? Mais pourquoi donc ne pratiquent-elles pas l'hypogamie ? Il se trouve que depuis les cohortes de 1940-45 la tendance s'est inversée et qu'il y a désormais autant de couples endogames que de couples où la femme est plus diplômée que son conjoint (sous hypothèses, cf. Milan Bouchet-Valat, 2015). Donneraient-elles enfin tort aux tenants de la psychologie évolutionnistes qui peuvent encore intituler leurs livres : Pourquoi les femmes des riches sont belles ?

Que le couple constitue un espace de domination comme les autres n'est pas une idée absurde. Et des auteures comme Danièle Kergoat l'ont très bien montré. Mais pourquoi diantre faire entrer la notion de genre dans l'arène ? Pourquoi ne pas en rester aux inégalités de sexe ? Après tout chacun est capable de faire la distinction entre différences et inégalités qu'elles soient de sexe ou de classe. Parler d'inégalités de sexe est déjà suffisammnet éclairant surtout lorsqu'on y adjoint l'idée de domination masculine. Certes l'évocation des rapports sexuels ouvre la voie, toute comme la littérature en terme de genre, aux délires des extrêmistes souhaitant abolir le sexe pour rompre définitivement avec la domination masculine. "Tous gays" proclameront-ils/elles ! Eh oui, que n'y pensions-nous ? Le problème toutefois c'est que les trop rares études sérieuses sur ce thème ont montré que les rapports de domination ne disparaissaient pas au sein des couples homosexuels. Il faut bien faire les tâches du quotidien !

Parfois les lunettes du genre comme il est dit confinent à l'idéologie honnie. Il suffit de regarder la petite vidéo du Centre Hubertine Auclert, "C'est quoi le genre ?". Pour justifier les inégalités de salaire, le documentaire compare le salaire d'une femme et d'un homme. 1800 euros contre 2300 euros. 28% d'écart peut-on calculer. Les chiffres attirent l'oeil. Très bien. Il doit bien s'agir des mêmes professions. Or pas du tout. Ce sont deux postes différents qui sont comparés : un chargé d'études et une chargée de communication. Inégalité ou différence de salaire ? On retrouve le même genre de biais dans les tableaux statistiques de l'INSEE. On peut y voir des hommes disposant d'un revenu salarial moyen de 22550 euros en 2011 contre 16720 pour les femmes. Ecart : 34,8%. Faramineux ! Or paradoxalement rien n'est dit ici sur les inégalités salariales. La seule chose que l'on sache c'est que les inégalités parmi les femmes actives sont bien plus fortes que parmi les hommes actifs. Mais il s'agit d'une autre donnée. L'écart de 34,8% renvoie en fait à des écarts, que l'on peut dénoncer par ailleurs, de statut de l'emploi et d'accès aux postes à responsabilité. Les femmes sont davantage touchées par le travail à temps partiel et accèdent moins aux postes de cadres. Il est donc statisitiquement logique qu'elles gagnent en moyenne moins que les hommes.

Plus gravement les tenants de la primauté du genre fourbissent les armes de leurs ennemis car deux approches radicalement différentes sont permises à partir de la primauté du genre sur le sexe. Un camp déconstructeur et un camp conservateur. Le premier souhaite l'abolition du sexe et le libre choix du genre. L'individu prime sur la société. On voit aisément le lien avec la gauche libéral-libertaire. Le second proclame qu'il ne faut pas toucher aux stéréotypes de genre sous peine de destructurer la société. Cette dernière prime sur l'individu. Il y a des normes et des valeurs que les individus n'ont pas choisi, après tout Marx nous l'a appris il ya longtemps, ce sont les Hommes qui font l'histoire mais dans des conditions déterminées ...

L'ordre des priorités

Le 01/04/2022

Voilà deux informations qui méritent qu’on s’y intéresse et qui concernent le journal Le Figaro. D’abord un sondage concernant ce que les Français attendent de la droite. On y trouve sans surprise en tête « la maîtrise de l’immigration » (intitulé qui au passage de signifie pas grand-chose, que signifie « maîtriser » l’immigration ?), puis la lutte contre le chômage et la lutte contre l’insécurité ou le terrorisme. Mais là où le sondage est instructif, c’est dans la présentation qu'il opère. A côté d’une colonne « sympathisants LR/UDI » il est adjoint une colonne « sympathisants LR/UDI/FN ». Idem pour ce qui concerne les « valeurs de droite ». Il est donc entendu que le FN est bien à droite et que la recomposition du champ politique, au moins dans les esprits, doit passer par lui. Une pierre de plus à l’édifice de recomposition ? A voir, dans la mesure où à la question des listes communes pour les prochaines élections entre LR/UDI et LREM d’une part et entre LR/UDI et le FN d’autre part, le FN semble encore jouer de repoussoir pour le sympathisant de base LR/UDI : 65% sont contre. Dans le même temps ils ne sont que 42% à s’opposer à des listes communes avec LREM, le « pour » l’emporte à 45%. Il semble en fait que ce soient les sympathisants, soit LREM, soit FN qui soient favorables à des listes communes : 76% pour les marcheurs et 70% pour les frontistes. Donc LR/UDI  constitueraient encore une force d’attraction. Mais qui faut-il attirer ? Une grande alliance de droite est-elle possible ? En tout cas dans sa présentation du sondage, le site très controversée, « F de souche » évoque « les priorités des sympathisants de ... droites (LR/UDI/FN) » !

Deuxième information ensuite qui concerne les atermoiements de Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro magazine, contre les propos de Tony Blair souhaitant revenir sur le Brexit. Et la justification vaut son pesant d’or : Les peuples ont le droit de faire primer le politique sur l’économique et ce d’autant plus que les britanniques l’ont fait en connaissance de cause étant donné le matraquage médiatique contre la sortie. Eh oui, le politique a le droit de primer sur l’économique. Est-ce donc la nouvelle droite qui pointe à l’horizon ? Mais surtout ne risque t-on pas de trouver une telle logique, in fine, chez les seuls partisans d’une sortie de l’Union européenne ?  Alors effectivement les priorités auront été remises dans l’ordre.

L'union des droites ou l'union des deux rives ?

Le 01/04/2022

Tout le monde est bien conscient qu'une recomposition politique est à l’œuvre depuis la victoire d'Emmanuel Macron. Si l'on s’intéresse à la droite, l'enjeu tourne autour du positionnement vis-à-vis du Front national et réciproquement. C'est vraisemblablement en ce sens qu'il faut lire la stratégie récente du FN. Comme ce parti n'est pas parvenu à regrouper l'ensemble de l'électorat sensible à la souveraineté de la France et qui compose les deux rives du clivage partisan, pour reprendre l'expression de J-P Chevénement, il s'est arrangé pour éjecter celui qui le symbolisait, F. Philippot, et a lancé des appels au futur chef du parti Les Républicains. Ce dernier les a gentiment renvoyé dans les cordes tout comme JL Mélenchon, F Philippot, au sujet d'une alliance d'idées avec Les Patriotes.

                De toute évidence le camp de l'union des droites semble le plus important, du moins pour le moment et médiatiquement. Il peut compter sur un allié de taille dans la personne d'Eric Zemmour. Pour celui-ci il faut abandonner les vestiges de l'UMP et reprendre la tonalité du RPR des années 90 autour d'un programme identitaire unissant le FN lui-même recentré sur ses fondamentaux : l'immigration, la lutte contre le terrorisme, … Le programme économique doit arriver en second. Mais il est sans doute hâtif de penser que les problématiques économiques seront neutralisées une fois l'identité mise sur le devant de la scène. Peut-être les citoyens ne sont-ils pas indifférents au positionnement que prendra un éventuel gouvernement de droite identitaire. Certes on dira que la droite « dure » allemande dispose d'un programme économiquement libéral. Seulement l'exemple récent français montre que le candidat F. Fillon a commencé à perdre des voix en déroulant son programme économique, on pense évidemment au non remboursement des soins mineures qui a fait sortir un H. Guaino de ses gonds. A.  Madelin lui-même, chantre du libéralisme politique dans ce pays, a qualifié les  mesures Fillon de Robin des bois inversé ! « On prend aux pauvres pour donner aux riches ! » Ce n'est peut-être pas un hasard si le candidat Macron proposera un remboursement intégral des prothèses auditives et dentaires ainsi que des montures. On ne joue pas avec la Protection sociale des Français ! 

                Fondamentalement l'affirmation des questions identitaires ne peut manquer de rencontrer celles liées à la souveraineté. Elles sont intimement liées, même si la souveraineté porte un ethos positif et l'identité un ethos négatif. Dans la mesure où les Firmes multinationales, sans parler des monstres GAFAM, se jouent des Etats, la posture identitaire peut difficilement être néo-libérale, de surcroît dans un pays comme la France où l'Etat a historiquement joué un rôle d'impulsion, très souvent bénéfique, du moins quand les élites faisaient encore corps avec la nation. Qui ne se souvient des propos de J-M Le Pen s'attaquant au « mondialisme apatride » et qualifiant l'euro de « monnaie d'occupation » ? Peut-être que l'idéal économique est alors celui d'un libéralisme de petits propriétaires, où les services s'échangent in fine contre des services mais où, à l'équilibre le profit est … nul ! Les économistes reconnaîtront ainsi les soubassements du modèle d'équilibre général. L. Walras, théoricien posthume de la droite identitaire ? De nombreux intellectuels de droite en tout cas ont compris qu'il fallait refonder le corps doctrinal. La publication du nouveau mensuel, L'Incorrect s'inscrit dans cette perspective.  Ce n'est pas un hasard si Marion Maréchal Le Pen ainsi que Charles Millon se retrouvèrent pour le lancement du journal. La stratégie d'unification des droites est donc bien en cours. 

                A l'opposée se situe celle de l'union des deux rives, allant des séguinistes aux chevénementistes, de loin la plus intéressante mais aussi la plus difficile à mettre en œuvre.  Qui dit rive, dit séparation … Dans un article de 2009, « Les difficultés d'implantation d'un parti souverainiste en France (1992-2009) », Emmanuelle Reungoat analysait les difficultés à faire se rejoindre les deux rives. Déjà les partis souverainistes ne seraient pas durables à cause par exemple de la mainmise des grands partis qui font pression pour empêcher les signatures ou les investitures. D’ailleurs C. Pasqua ou P. De Villiers n'avaient pas rompu avec leurs partis d'origine. Ensuite les partis souverainistes manquent fondamentalement de ressources, au moins financières, si ce n'est symboliques. Sur ce point la faiblesse de l'emprise médiatique n'est peut-être plus un obstacle majeur avec le développement d'internet et des réseaux sociaux capables d’organiser des manifestations et conférences bien réelles. Citons au moins le Cercle Aristote animé par P-Y Rougeyron. Enfin Reungoat note l'instabilité des partis souverainistes fait d'alliance, de ralliements et de sous-groupes plus ou moins structurés. Aussi la volonté affichée de rassemblement par les Patriotes sera t-il suffisant ? Est-il possible de construire sur les décombres d'un rêve avorté ? Certains des protagonistes d'antan ne sont plus de ce monde, comme Pasqua ou Séguin et Chevénement a décidé de donner sa chance à Macron. Serait-il passé à côté du très intéressant article de Mathieu Slama dans le Figaro du 24 avril 2017 : « Macron-Le Pen ou le retour fracassant de la lutte des classes » ? Il faut quand même parcourir cet article, écrit, excusez du peu dans Le Figaro et non dans L'Humanité : «  La France de Marine Le Pen ... gronde face à l'incroyable arrogance de cette bourgeoisie qui lui donne des leçons d'humanisme et de progressisme du haut de ses 5000 euros par mois … Malgré son talent indéniable, l'ancien banquier Emmanuel Macron ne révolutionne rien ». Voilà qui annonce ces électeurs « à vomir » d'H. Guaino dans l'entre deux tours des législatives. Ce dernier aurait-il été victime d'une naïveté confondante en oubliant que la bourgeoisie a souvent été prête à trahir ses idées pour son portefeuille ? Slama ira aussi jusqu'à vilipender le régime parlementaire, « régime de tous les compromis qui profitent toujours aux lobbies et aux intérêts privés » et conclut son analyse en prophétisant d'un ton amusé et presque bienveillant : "Et peut-être assistera-t-on, dans un avenir lointain, à une réunion de la France de Le Pen et celle de Mélenchon contre la France des libéraux". La mobilisation conceptuelle de la lutte des classes et au final de Marx ne doit pas surprendre, même dans un journal dit de droite. On trouve des références à Marx aussi bien chez E. Zemmour que chez l'ancien politique Philippe de Villiers. A croire qu'ils se sont passés la référence, celle issue du Manifeste où Marx évoque les fameuses eaux glacées du calcul égoïste. L'article de Slama n'annonce pas en tout cas l'alliance des droites mais bien celle des souverainistes où le programme économique antilibéral coule de source. Mais peut-être force t-il le trait pour installer une option politique que d'aucun pourrait qualifier de dangereuse, si ce n'est de suicidaire. Peut-être souhaite t-il qu'un maximum de personnes s'engouffre dans cette brèche afin de pouvoir compter les cadavres qui en sortiront ? Pierre-Yves Rougeyron en fera t-il parti ? Lui aussi milite pour un grand rapprochement des patriotes au delà des clivages habituels. Pour preuve sa mise en lumière des excès « zemmouriens » à l'encontre de F. Philippot lors de sa venue sur Paris Première il y a quelques semaines. 

                Reste alors la référence au gaullisme ... Mais est-ce suffisant ? Il est certain que De Gaulle est le dernier président, si ce n'est le seul, a avoir maintenu le sentiment que la France avait encore un rôle à jouer dans le monde, qu'elle avait un rang à y tenir, avec ses contraintes aussi. Les Français sentent bien au fond d'eux-mêmes qu'ils sont encore redevables à cette posture de grandeur qui animait le général : « la France ne peut être la France sans la grandeur ». Paroles vaines diront certains. La France avait déjà perdu depuis bien longtemps le leadership mondial. Et pourtant, quel joie de pouvoir encore être fier d'être Français. Quiconque a une part de France en lui ne peut que s'émouvoir et se sentir transporté lorsque, suite à un discours prononcé à Cambrai, le général De Gaulle, invite son auditoire à chanter avec lui l'hymne national. La Marseillaise est alors élevée au rang de chant de résistance et d'unité. Quelle image … D'une certaine manière on la retrouve dans le film Austerlitz d'Abel Gance, lors de la scène finale, lorsque Napoléon se découvre devant ses soldats et demande à ce que l'on joue la Marseillaise. Même émotion. Même sentiment de fierté. Le génie français à portée de main …  Dans un ton beaucoup plus populaire, le film Mais qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu ?, ne peut s'empêcher une emblématique et fondatrice référence au général De Gaulle. L'esprit français traverse les temps au delà justement des guerres de religion …

Changez de costume !

Le 01/04/2022

Avez-vous vu beaucoup de super-héros noirs ou basanés ? 

Non.

Si vous croisez un enfant déguisé en Spiderman ou en X-Men, dites-vous que c'est peut-être un suprémaciste blanc ...  

Déjouons ce complot ! 

Haro sur les déguisement malsains, haro sur les Marvel comics ! 

Viva Verdi !

Le 01/04/2022

Il fut un temps où le peuple italien manifestait son désir de liberté et d’indépendance au cri  de Viva Verdi—sous-entendu Viva Vittorio Emanuele Re d’Italia monarque devant symboliser l’unité italienne contre l’occupation autrichienne. Il semblerait que l’Histoire repasse encore les plats et qu’un nouveau cri collectif devrait s’inviter en Italie et atteindre les sommets européen pour en dénoncer l’ingérance. De quoi s’agit-il ?

Les élections législatives italiennes ont porté au pouvoir un ensemble hétéroclite de députés interdisant une majorité spontanée. Or, contre toute attente, une coalition hors norme avait été trouvée entre un mouvement qualifié d’extrême droite, la Ligue, et un mouvement qualifié de populiste, Le mouvement 5 étoiles. De nombreux commentateurs ont fustigé une alliance entre l’extrême gauche et l’extrême droite, s’interrogeant même en France sur une éventuelle entente à venir entre le Front National et la France insoumise. Toutefois les événements se sont précipités de l’autre côté des Alpes. Il était question de nommer un ministre des Finances eurosceptique, Paulo Savona. Le président de la République, Sergio Mattarella, s’y est opposé et a recalé le projet de gouvernement animé par Giuseppe Conti au profit d’un gouvernement dirigé par Enrico Letta, ancien responsable du FMI et surnommé « Monsieur ciseaux » pour son inclination euro-libérale compatible à tailler dans les dépenses publiques. Bref, à contre courant de ce qu’avait souhaité le peuple italien désirant plutôt mettre entre parenthèses le carcan budgétaire européen. Certes on peut de bon droit s’opposer aux déficits et à l’endettement mais pour des raisons valables, c’est-à-dire planétaire et écologique, sûrement pas pour faire plaisir aux marchés financiers et leur envoyer des signes positifs. Au premier abord il semble donc bien que le Président italien ait joué l’Europe et les institutions financières mondiales contre son peuple. Certains ont pu parler de « coup d’Etat bruxellois » car cette décision aurait obtenu l’aval de Bruxelles, de Berlin et de la … France ! Et pas seulement Marine Le Pen ou les cercles droitiers autour de TV Libertés. L’expression est défendue haut et fort par Jean-Paul Baquiast sur le blog de Médiapart. N’oublions pas que l’ancien président de la Commission européenne, Manuel Barroso, a trouvé un emploi de conseiller auprès de la banque américaine Goldman Sachs dont il préside de manière non exécutive le conseil d’administration … Nous savons depuis longtemps où se trouve le pouvoir en Europe.

En tout cas les peuples européens devraient manifester leur soutien au peuple italien pour lui signaler qu’en aucun cas ils n’acceptent le déni de démocratie dont il est victime et qu'en France nous avons déjà vécu cela avec le déni de referendum de 2005.

Chroniques macroniennes (VII)

Le 01/04/2022

En opposant les nationalistes et leur vision de court terme qui ne règle aucun problème aux progressistes le président Macron enferme le débat dans un contenu pernicieux. Les catégories ne sont pas obsolètes mais tronquées. Certes parler de nationalisme est plutôt vivifiant. Cela nous ramène au temps de Boulanger et de Barrès. Nous ne saurions nous en plaindre. Le président Macron n'ose utiliser le terme de patriote car il sait qu'il s'attirerait les foudres d'une partie étendue de la classe politique, et de gauche et de droite. Le nationalisme, plus personne ne sait ce que cela représente et il est vrai que sous la plume d'un Barrès, il s'agit d'un déterminisme historique marqué du sceau de la grandeur, de la terre et des morts. Est-ce une raison pour l'opposer au progressisme ? Qui sait seulement ce qu'est un progressiste ? Celui qui suit bêtement le courant de pensée du moment ? Qui s'aventure sur un chemin sans en connaître la finalité ? Qui saute sur sa chaise comme un cabri en s'écriant, l'Europe, l'Europe, l'Europe ? Le nationaliste au moins sait où il va. A la manière d'une certaine philosophie, il est libre car il a compris le déterminisme qui le lie à l'Histoire de son pays. Le président Macron confesse alors devant la représentation nationale qu'il se délie du sentier qui doit présider à chacun de ses actes et chacune de ses pensées. C'est le progressiste qui a une courte vision, qui répond aux impulsions du moment, dont le courant est mené, dans un univers capitaliste, par les lois du profit et de la finance. Si le président Macron souhaitait en fait nous dire que nationalisme et capitalisme ne sont pas conciliables, alors point besoin de discours. L'histoire de France et l'histoire de l'Humanité nous servaient déjà de référence.

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